Je lis dans le Canard enchaî­né cette semaine (22 mars 2023) cette ana­lyse d’une gra­pho­logue-gra­pho­thé­ra­peute (!), Maryse Cano­vas qui explique dans Le Pari­sien que « Ce rond sur le « i » [que les filles mettent] est un signe de nar­cis­sisme à l’a­do­les­cence (…), un nar­cis­sisme struc­tu­rant qui joue un rôle sur l’es­time de soi, la per­son­na­li­té. [Son appa­ri­tion dans les années 80 est] « le signe d’une forme d’é­man­ci­pa­tion des filles ».

Miam, ça sent bon la psy­cha­na­lyse d’an­tan.

Mais sur­tout, ça sonne faux. Quand bien même on s’en­ten­drait sur ce qu’on entend par « fille », il semble que cette pra­tique ne soit pas si gen­rée. J’a­vais co-éla­bo­ré l’an­née der­nière avec un groupe d’étudiant·es très sym­pas, Lou Petitjean, Arthur Oha­na et Anaïs Pic­cot une manip là-des­sus, (dos­sier 34.20) qui se concluait par ces mots :  » Nos études indiquent que la théo­rie popu­laire selon laquelle les filles auraient plus ten­dance à faire des ronds que les gar­çons est com­plè­te­ment fausse (…). En effet, d’après nos expé­riences, notam­ment celle
réa­li­sée dans biblio­thèques uni­ver­si­taires, il n’y a pas de différences significatives entre les genres ».

Fina­le­ment, les gra­pho­logues (à ne pas confondre avec les expert·es en écri­ture) font ici une ver­sion moderne de la « dent d’or » : on com­mence par éla­bo­rer une théo­rie, sur un phé­no­mène tout sauf cer­tain. Fon­te­nelle, reviens !