Eh bien… oui et non.

Oui, leur richesse virale est grande, et ils trim­ballent un paquet d’a­gents patho­gènes poten­tiel­le­ment trans­mis­sibles aux humains.

Mais non, elle n’est pas plus grande que chez les oiseaux ou les primates.Si chauve-sou­ris et ron­geurs sont sur­re­pré­sen­tés, c’est qu’ils forment deux ordres de mam­mi­fères ayant le plus grand nombre d’es­pèces – à eux deux, c’est envi­ron deux tiers du nombre d’es­pèces de mam­mi­fères connues.

C’est le résu­mé de cette étude de PNAS parue il y a quelques jours, que Guillaume Lecointre m’a indi­quée.

Notez, des chauve-sou­ris vic­times d’un effet cigogne (lire ici), ça me fait rire.

Le risque de zoo­nose est homo­gène à tra­vers les ordres aviens et mam­ma­liens d’hôtes

Mol­lentze, N. & Strei­cker, D.G. PNAS 117 (17) : 9423–9430 (28 avril 2020)

Croire que cer­tains groupes zoo­lo­giques, comme ron­geurs, chauve-sou­ris et les pri­mates seraient davan­tage sujets que d’autres à for­mer des réser­voirs à agents patho­gènes pour l’humain est une idée reçue
L’é­tude col­lecte des don­nées sur les rela­tions entre taxon réser­voir, pré­sence virale et pos­sible zoo­nose humaine pour 415 virus à ARN ou à ADN répar­tis en 35 familles virales, consti­tuant une base de don­nées his­to­riques sans pré­cé­dent. Qu’y apprend-on ? Que le type d’hôte réser­voir est glo­ba­le­ment peu expli­ca­tif de la pro­pen­sion du virus à déclen­cher une zoo­nose chez les humains. En gros, la dis­tri­bu­tion des virus poten­tiel­le­ment infec­tants pour les humains à tra­vers le spectre taxo­no­mique des ordres d’hôtes est neutre. Le nombre de virus poten­tiel­le­ment infec­tants pour les humains aug­mente pro­por­tion­nel­le­ment au nombre total de virus main­te­nu pour un ordre don­né, lequel est à son tour pro­por­tion­nel au nombre d’espèces que contient cet ordre. Une plus grande richesse virale est glo­ba­le­ment trou­vée chez les mam­mi­fères que chez les oiseaux : il appa­raît que le nombre de zoo­noses par ordre taxo­no­mique mam­ma­lien reflète à la fois cette plus grande richesse virale et le nombre d’espèces de chaque ordre. Ain­si, si les chauve-sou­ris et les ron­geurs sont sou­vent cités, c’est parce qu’ils forment les deux ordres de mam­mi­fères qui ont le plus grand nombre d’espèces : en effet ils consti­tuent à eux deux les deux tiers du nombre d’espèces de mam­mi­fères connus. . Il n’y a pas de groupes zoo­lo­giques qui mena­ce­raient plus spé­ci­fi­que­ment les humains par leur réser­voir viral. SI les ron­geurs et les chi­ro­ptères sont sur­re­pré­sen­tés, c’est qu’ils sont… les plus nom­breux

Sur les chauve-sou­ris, je recom­mande l’épi­sode 370 de Pod­cast science avec la cher­cheuse Alexa Sadier (et le pod­cast en son ensemble, de la très bonne came). 

Pod­cast Science 370 – Mys­té­rieuses chauves-sou­ris, avec Alexa Sadier

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