Je viens d’éÂcouÂter « l’AcÂtu des luttes », sur Radio ParÂleur ; ça cause de la lutte des femmes de chambre, depuis quaÂsiÂment 15 mois, dont 6 de chôÂmage parÂtiel et 8 de grève, à l’hôÂtel Ibis des BatiÂgnolles. Ces femmes très préÂcaires enchaînent les actions coup-de-poing dans les hôtels du groupe ACCOR (preÂmier groupe hôteÂlier franÂçais, 6ème monÂdial).
Ça me rend dingue car des luttes de ce genre, j’en entenÂdais parÂler il y a 25 ans, et rien ne change. Des femmes ultra-préÂcaires et payées au lance-pierre, des
clients contents de trouÂver des piaules pas cher et qui ne pigent pas que c’est pas cher, c’est parce que c’est le fruit d’une exploiÂtaÂtion ; et un patron d’ACÂCOR, SébasÂtien Bazin dont le salaire à lui tout seul couÂvriÂrait les besoins de ses dames : une part fixe de 950.000 euros, et une part variable, condiÂtionÂnée à l’atÂteinte d’obÂjecÂtifs, de 1.126.113 euros.
A mon échelle, que fais-je ?
Je me contente de ne pas donÂner un sou à ACCOR depuis 20 ans (une fois, j’ai terÂmiÂné dans un ForÂmule 1 à Givors, en pleine nuit, j’aÂvais telÂleÂment honte que j’aÂvais envie de me cacher). Dans les inviÂtaÂtions de conféÂrences ou colÂloques, je refuse chaque fois que je peux les hôtels ACCOR et demande un hôtel priÂvé, même pourÂri. Est-ce sufÂfiÂsant, je ne pense pas. Le fait est qu’ACÂCOR emploie des sous-traiÂtants, qui eux sont de vrais « négriers ».
Or – et c’est le lien que je fais avec la penÂsée criÂtique – dans le basÂtion de la penÂsée qu’est mon uniÂverÂsiÂté, là où on enseigne le « voile d’iÂgnoÂrance » de Rawls (voir à ce sujet ce charÂmant petit traÂvail étuÂdiant), le décoÂloÂniaÂlisme, la quaÂtrième vague du fémiÂnisme, et que ça disÂcute luttes interÂsecÂtionÂnelles à tous les coins de rue, dans mon uniÂverÂsiÂté disais-je, je ne vois pas de difÂféÂrence : l’imÂmense majoÂriÂté des perÂsonÂnels de ménage sont femmes, la pluÂpart araÂbo-musulÂmanes parÂlant peu le franÂçais, ne connaisÂsant pas leurs droits, avec des horaires immondes, et en outre elles s’exÂcusent de me déranÂger à la fin des cours à 20h, quand je suis en train de faire le belÂlâtre auprès des étudiant·es penÂdant qu’elles attendent avec leur seau derÂrière la porte.
ParÂfois je me demande quelle est la nature de la difÂféÂrence entre mon rapÂport à ses dames, et le rapÂport d’un proÂprio de champ de coton et de ses « gens de couÂleur » en LouiÂsiane en 1805.
La moindre des choses que je pourÂrais faire, c’est de me colÂler à une petite enquête sur l’ocÂtroi des marÂchés de netÂtoyage à l’UÂniÂverÂsiÂté GreÂnoble-Alpes. Si je trouve un peu de temps, y aura-t’il des gens prêts à m’aiÂder ?
En attenÂdant, on pourÂra si on le souÂhaite
- envoyer des sous à CGT-HPE, qui souÂtient cette lutte
- mettre en place un sysÂtème révoÂluÂtionÂnaire mis en place au CORTECS : faire son ménage, sa serÂpi, ses chiottes soi-même dans son bureau
- appeÂler la légenÂdaire Soeur Marie-ThéÂrèse des BatiÂgnolles (de l’imÂmense MaësÂter) à la resÂcousse.
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