Demain, ça fera dix ans pile que « Hitch », le plus grand punk intellectuel anglais1, incontournable de mes enseignements a vu – c’est sa propre formule – la mort lui taper sur l’épaule et lui dire non seulement que la fête est finie, mais qu’en plus elle continue sans lui.
Lui dont la consommation quotidienne d’alcool « pourrait tuer ou assommer le mulet moyen » (« I drink enough each day to kill or stun the average mule ») a écrit sur la fin un livre terrible, Vivre en mourant (Flammarion 2013) où il raconte l’agonie cancéreuse qu’il traverse, la boîte aux lettres craquant de lettres de croyant·es qui le vouaient à l’enfer, lui, l’un des quatre cavaliers de l’athéisme (avec Dennet, Dawkins et Harris). Au fur de l’avancée de la maladie, les derniers paragraphes du petit bouquin deviennent progressivement incompréhensibles… Ça m’avait beaucoup impressionné, j’avais chialé.
Parfois je donnerais mon froc pour avoir trouvé une de ses formules, et j’aurais bien donné volontiers une phalange ou deux pour avoir son talent oratoire.
« Voici mon défi », écrivait-il – et ça fera écho à mon dernier cours de licence sur la philosophie morale. « Que quelqu’un me cite un énoncé moral, ou une action éthique d’un croyant qui n’aurait pas pu être proféré ou accomplie par un non-croyant. Et voici mon second défi : un lecteur peut-il penser à une parole méchante, ou à une action diabolique, accomplie précisément à cause d’une foi religieuse ? »
Ce mec était une sorte de mélange de Noam Chomsky et de l’humoriste tox Doug Stanhope. Son œuvre est un opéra punk rock rationaliste, dans lequel j’aime régulièrement me promener.
À ce titre je dresse mon pouce, et je compte bien jusqu’à mon trépas revendiquer être Hitch hiker.
À ce titre je dresse mon pouce, et je compte bien jusqu’à mon trépas revendiquer être Hitch hiker.
Au fait : si vous voulez faire swinguer un repas de Noël mortifère et faire s’étouffer quelque grand-père bedeau ou quelque tante bigote, mettez la main sur ce livre incroyable : Le mythe de Mère Teresa, ou comment devenir une sainte par un bon plan médiatique, chez Dagorno (1998). Le vrai titre était croustillant : La Position du missionnaire : Mère Teresa dans la théorie et la pratique.
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