Je me suis fait une petite séquence Affaire Mélenchon/Papacito, qui s’est révé­lée être le cham­pion­nat du monde de la tech­nique de l’épou­van­tail. Atten­tion, c’est un exer­cice dan­ge­reux, il faut bien s’é­chauf­fer avant sous peine de se fou­ler la tête.

J’ai com­men­cé par l’é­mis­sion de RMC les Grandes gueules, 2022 Mélen­chon out ? le 8 juin, qui

  • trai­tait (mal) de l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion pré­su­mée par Jean-Luc Mélen­chon (JLM) des faits vio­lences ins­tru­men­ta­li­sées juste avant les élec­tions pré­si­den­tielles,
  • puis ins­tru­men­ta­li­sait par la plu­part des Grandes Gueules d’une ver­sion rema­niée de ce que JLM avait dit
  • puis abor­dait l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion par JLM des pro­pos ins­tru­men­ta­li­sés de Papa­ci­to et son col­lègue
  • et se ter­mi­nait en un brouet ins­tru­men­ta­li­sant l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion par JLM de pro­pos ins­tru­men­ta­li­sés de Papa­ci­to qui ins­tru­men­ta­lisent les pro­pos de JLM sur les vio­lences ins­tru­men­ta­li­sées.

Alors j’ai été regar­der dans l’ordre

  • ce qu’a­vait décla­ré JLM sur pièces, le 6 juin, sur France Inter chez Ali Bad­dou. J’ai beau ne pas être tota­le­ment rac­cord avec la façon dont JLM tient son pro­pos, on lui fait des reproches sur ce qu’il n’a pas dit.
  • Puis j’ai regar­dé le mon­tage fait de JLM sur la vidéo de Papa­ci­to, dans l”  »Inter­ven­tion de Jean-Luc Mélen­chon après les menaces de l’ex­trême droite », sur la chaîne You­Tube de l’homme poli­tique. Et j’ai beau être pra­ti­que­ment aux anti­podes de Papa­ci­to sur le plan poli­tique, JLM a son tour fait dire à Papa­ci­to ce qu’il n’a pas dit, et le mon­tage est assez ten­dan­cieux. Disons que le nombre de choses dis­cu­tables énon­cées par Papa­ci­to est déjà tel­le­ment grand qu’il n’y avait pas besoin d’en inven­ter des fausses.
  • Alors j’ai été voir la vidéo de Papa­ci­to en entier, qui vaut le détour, au moins parce qu’elle a au milieu de trucs sor­dides de vrais mor­ceaux de drô­le­rie caus­tique, de cette drô­le­rie qu’on retrou­ve­rait dans C’est arri­vé près de chez vous » de Rémy Bel­vaux, André Bon­zel et Benoît Poel­voorde (1992), qu’on ne peut pas mou­rir sans regar­der. Il y a même des points (rares) avec les­quels je suis presque d’ac­cord, comme le fait que dans les pen­sées pro­gres­sistes, la ques­tion des armes, des forces de police, de l’ar­mée ou de l’ef­fon­dre­ment pos­sible, sont sou­vent pas­sées sous le bois­seau ou res­tent un impen­sé.
  • J’ai ensuite été écou­ter Papa­ci­to expli­quer sa démarche, ici, PAPACITO : RÉPONSE À MÉLENCHON sur VA +, la chaîne vidéo de Valeurs actuelles. Jus­qu’à minute 25, c’est…disons… audible, et mérite qu’on s’y arrête (de même que ce que raconte Eric Zem­mour ou Alain Soral mérite qu’on s’y arrête. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai lu quelques-uns de leurs bou­quins aus­si. Je recom­mande de prendre quand même de fortes doses d’an­ti-his­ta­mi­niques). Après la minute 25, ça part en que­nelle, et on com­prend bien que la drô­le­rie et le sens de la punch-line abrite une pen­sée assez tra­gique.

Ma modeste conclu­sion ? Elle est en quatre mor­ceaux.

  1. Il faut tou­jours juger sur pièces
  2. Paul Cou­derc écri­vait : « Un astro­logue ne sau­rait avoir le pri­vi­lège de se trom­per tou­jours ! ». Je dirais qu’un type d’ex­trême droite non plus.
  3. Cor­ré­la­tion n’est pas cau­sa­li­té. Que ce soit sur l’u­sage des bombes de Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki, sur la fémi­ni­sa­tion des hommes, sur les « musul­mans vio­lents », le rai­son­ne­ment de Papa­ci­to fonc­tionne par des rac­cour­cis tel­le­ment énormes qu’il relègue les trous de ver de l’es­pace-temps d’Ein­stein et Rosen au simple rang de trou de vrillette dans une porte de jar­din.
  4. Prin­cipe de cha­ri­té modé­rée : ce n’est pas parce qu’on est à l’op­po­sé des pen­sées de quel­qu’un qu’il faut gri­mer ce qui est dit – et je dirais même : au contraire. Théo­ri­que­ment, la faus­se­té se suf­fit à elle-même. Comme disent les météo­ro­lo­gistes, qui veut noyer son chien l’ac­cuse de l’o­rage (alors que tout le monde sait que ce sont les chats les fau­tifs. Tiens, d’ailleurs, il pleut).

 

1 réponse

  1. Stan dit :

    Juger sur pièce, en effet, per­met de se rendre compte qu’il n’y a pas matière à quoi que ce soit. C’est un pur embal­le­ment média­tique pour occu­per l’an­tenne faute de mieux, car le fond est d’un banal sans nom : Mélen­chon « dérape » (le fameux) sur France Inter (en réa­li­té, il s’emballe un peu trop), il faut donc faire oublier ce « déra­page » le plus vite pos­sible, car ça com­mence à lui coû­ter, même au sein de son propre camp ! Du coup, piqure de rap­pel : la droite c’est des facho, les armes c’est mal, et hop ! Ca suf­fit pour faire le buzz et occu­per la police pour rien (dépôt de plainte, enquête ouverte, etc.).

    L’é­pou­van­tail, en poli­tique, n’est pas un sophisme, c’en est même l’in­gré­dient de base pour qui­conque sou­haite y faire son nid ! Dan­ge­reux ? Certes, mais tout métier contient sa part de risque.

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