Vous n’au­rez pas oublié si vous étiez ado ou adulte entre 1987 et 1995. On avait un grand cham­pion, Xavier Dor (que Dieu prenne son âme en pitié, il l’a rejoint le 4 avril 2020 en emprun­tant le COVID-express), pré­sident de SOS tout petits, qui fai­sait des com­man­dos anti-IVG dans les mater­ni­tés. Dès que j’ai eu l’âge de rai­son (c’est-à-dire quand j’ai pigé ce que fémi­nisme vou­lait vrai­ment dire, vers 20 ans), j’ai débar­qué à chaque ren­dez-vous de prière catho­lique contre l’a­vor­te­ment. Dans les années 2000, c’é­tait encore fré­quent, à Gre­noble, de voir des femmes cor­se­tées et des hommes à la raie bien droite se mettre à genoux place Notre-Dame, Ile Verte, Mey­lan, Corenc et prier pour l’âme des embryons et la fin du « géno­cide ». Et nous, on allait brailler qu’on n’é­tait pas d’ac­cord. Je ne pense pas que nos manifs avaient une quel­conque effi­ca­ci­té, mais nous ne vou­lions pas lais­ser ce cou­rant tra­di­tio­na­liste aller contre des droits si dure­ment acquis. On le sait, une femme qui sou­haite avor­ter avor­te­ra, que ce soit avec la loi ou avec un cintre (nos mamies se rap­pellent de la méthode du cintre), dusse-t-elle y lais­ser la vie (1).  Lais­sez-les régler ça avec Dieu plus tard. En atten­dant, j’ai­me­rais bien que les jeunes géné­ra­tions se rap­pellent un peu ces épi­sodes de com­man­dos. Grâce aux Nuits de France Culture, on peut se mettre du Joëlle Bru­ne­rie-Kauff­mann dans les oreilles, et ça vaut son pesant de caca­huètes.

Joëlle Bru­ne­rie-Kauff­mann

Témoignages sur les commandos anti-IVG en France dans les années 1990

 

(1) Nous avions d’ailleurs décor­ti­qué la rhé­to­rique anti-IVG d’une autre asso conster­nante, La Fon­da­tion Jérôme-Lejeune, avec une étu­diante brillante, Ave­ril Huck. D’autres étudiant·es se sont empa­rés de sujets appro­chants, comme le pseu­do-syn­drome post-abor­tif (voir ici).

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