J’ai montré Ghostbusters – SOS Fantômes à mes mômes.
Il y a de vrais bons moments (et ils ont été impressionnés plusieurs fois), mais aussi quelques trucs plutôt chiffonnant, que j’entendais parfois de loin car je cuisinais en même temps. Je passe sur le caractère bien libidineux du « chef » joué par Bill Murray, ou quelques stéréotypes bien moches en particulier sur les « Chinois ».
Ce qui m’a gêné le plus : d’une part qu’ils font passer les services publics en général pour des ânes, et en particulier la « commission de protection de l’environnement » qui est présentée comme l’empêcheuse de start-uper en rond (c’est d’ailleurs son inspecteur qui libérera par bêtise les fantômes). D’autre part, dans la VF, une réplique tenue par l’acteur noir Ernie Hudson : (de mémoire) « j’ai des trucs là-dedans à faire rosir un n*gre » (???). Hudson confira plus tard que le studio a été bien discriminant avec lui durant ce tournage, et que de fait, il est le seul des Ghostbusters à ne pas être sur l’affiche.
Bref, c’est 1984, les bonnes années Reagan comme on ne les aime pas.
PS : Dan Aykryod, co-scénariste et acteur de l’un des chasseurs (accessoirement l’un des Blues Brothers aussi) est un bon morceau de mystique. Que son père Peter Aykroyd Sr. ait écrit un livre sur les fantômes n’est pas sa faute, mais qu’il fasse la tournée de promo avec lui, si. Qu’il anime 5 ans durant une émission « paranormale » aussi avec plein de morceaux de fausses affirmations dedans aussi (ce qui lui vaudra un du CSI, l’ancien CSICOP en 1997). Mais bon, il fait du blues, et ça pardonne presque tout.
Richard,
Ernie Hudson s’est peut être senti discriminé, mais il a aussi accepter d’y participer. Certes on peut dire qu’il a été forcé d’accepter ces conditions pour avoir le taf et la notoriété…
Ca reste quand même une axe de réflexion car je ne crois pas que l’on puisse affirmer qu’il ait été forcé en étant très dérangé ou simplement indifférent acceptant la part de dérision (dont je vais parler ensuite)
Je connais ce film par cœur et la suite aussi, chacun des quatre personnages principaux est tourné au ridicule et pas à moitié. Bill Murray est une espèce de salopiaud cynique, Dan Aykroyd a une tendance gros bêta patapouf et fait de drôles de rêves, Harold Ramis est une caricature du scientifique fermé sans émotions qui ne connais que le travail comme passe temps… Pourquoi la dérision est déplacée pour Ernie Hudson mais pas pour les autres ?
Bref c’est simple cette comédie est basée sur l’humour absurde à l’américaine, certes l’époque Reagan transpire mais on est loin d’un véritable racisme affirmé. Quant aux croyances ce film étant justement une comédie rien de sérieux n’en sort… (Dan Aykroyd fait ce qu’il veut de sa vie privée tant qu’il ne fait de mal à personne…)
Pour la suite de ce film Ernie Hudson est sur l’affiche mais aussi sur le Fettuccine, dans les suites récentes il est même devenu riche et pour les 3 autres l’un est mort, les deux autres toujours au même point (en plus vieux) que dans les premiers films.
Petite rumeur de tournage, Bill Murray aurait été somnolent et peu motivé dans son travail, il a quand même tendance à jouer aussi dans de très bons films pour de très bons réalisateurs (Sofia Coppola, Jim Jarmusch, Wes Anderson…)
(NB : Jarmsuch qui propose une jolie tirade sur les Ivoiriens soulignée finement avec une Beatrice Dale aveugle dans Night on Earth avec Isaach de Bankolé… bref c’est juste du cinéma)
La comédie absurde c’est aussi ce qu’a fait Eddie Murphy, il n’a jamais hésité à faire le pitre sur les accents et autres répliques choquantes… Quant à un autre acteur noir, Jim Carrey (-> oui je sais ce que je dis !!!) n’a jamais eu de retenue non plus…
Je vois trop d’analyses sur le cinéma ou la musique dans lesquelles on veut prêter des intentions là ou ce n’était qu’une volonté de divertissement, d’humour, de créer … Parfois grotesque, déplacé et maladroit, mais pas forcément malveillant.
Je crois que je t’ai déjà entendu dire que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Ce n’est pas au cinéma qu’il faut reprocher l’intolérance mais bien à la société, à nos choix et notre manière de penser.
Merci de ton commentaire. Mais je ne suis pas d’accord avec toi. Faire de l’humour ça se tient, tant qu’on n’emprunte pas des chemins qui ont été des sillons de souffrance. Faire de l’humour raciste envers les personnes noires, ou emprunter des clichés coloniaux, c’est bécher la terre encore trop meuble des millions de souffrance de l’oppression systémique des personnes noires non seulement dans le passé, mais même dans l’actu. C’est aussi pauvre que le fait de se moquer des personnes grosses, des personnes handis, etc. Ca n’a pas la même portée que faire passer Dan Akroyd pour un benêt dans le film. Bien sûr le cinéma peut faire ce qu’il veut, mais un film qui me montre des Juifs au nez crochu, des Blancs qui font du blackface, des Handis qui servent de leçon de vie pour les handis, ça me lourde sévère, et ça entretient des stéréotypes qu’il est temps d’évincer. Là dessus, pas sûr que tout le monde soit ravi des productions d’Eddie Murphy
(Je sais pourquoi tu dis ça de Jim Carrey, parce qu’il a joué dans une des 1ères séries « de et par des personnes noires », c’est ça ?)
Richard, je comprend ton raisonnement et je suis moi même gêné par le mot nègre dans cette réplique qui n’est exprimé que dans la traduction française “j’ai vu des trucs à faire rougir un nègre“. Pour certains le mot nègre est offensant de manière inconditionnelle, pour d’autres il ne l’est que dans la manière de l’utiliser. Dans la culture Créole c’est un mot courant, neg-marron, negropolitain … etc
Est-ce qu’il faut y voire une volonté raciste et/ou discriminatoire du réalisateur Yvan Reitman qui est de confession juive (et originaire de Hongrie…) ? J’en doute, et on peut même imaginer que cette traduction lui a échappé. (Dan Aykroyd et Harold Ramis sont aussi de confession juive)
La réplique originale est “I have seen shit that will turn you white“ il n’y a dans ces mots aucun sillon d’aucun terreau raciste. Pas plus que dans une chanson de Claude Nougaro …
Et j’ajoute même que l’humour, l’absurde, le doit d’être con ne doit pas non plus se soumettre aux intolérances diverses. Faire de l’humour sur l’éventualité de la couleur des os de Louis Armstrong ou sur l’incapacité de la peau foncée à pâlir ou à rougir doit être une liberté qui n’a aucun rapport avec le racisme. C’est, selon moi, l’histoire du couteau, la majorité du temps on l’utilise pour des choses positive et parfois on s’en sert pour faire du mal. Les intentions sont à mon avis plus importantes et pour avoir vu ces films des dizaines de fois (oui je l’avoue), je n’ai jamais eu et perçu d’idée raciste dans le scenario. Quand j’entend des gens raciste (souvent les vieux par chez moi) parler des “noirs“ ce n’est jamais avec tendresse (ils sont toujours très polit pourtant), là oui je suis souvent choqué, blessé et en colère. Le terreau il est fertile avec ces gens, il fait pousser des immondices abominables qui semblent bien contagieuses (ces derniers n’ont en majorité jamais vu ce film d’ailleurs…)
Je reviens sur l’affiche, Ernie Hudson arrive dans l’histoire pratiquement au milieu du film, Sigourney Weaver et Rick Moranis ne sont pas non plus sur l’affiche, il sont pourtant dans l’axe de l’histoire. Ce n’est visiblement pas un choix discriminatoire, vraiment je n’y vois aucun signe.
Que Ernie Hudson ait été gêné de ne pas y être on peu le comprendre, de là à en conclure un acte raciste c’est surement excessif.
(Jim Carrey à été un acteur important dans In Living Color, une sorte sitcom avec de l’humour afro américain, il est reconnu par la communauté afro américaine comme l’un des leurs. Une sorte de Monthy Python afro, de l’absurde et de la dérision sans mesure ! En somme du “droit d’être con“en toute liberté). Je revendique ces cons de Richard Pryor, Will Ferrell, Mel Brooks, Chris Rock, Eddie Murphy, Chevy Chase … etc parce que leur humour est absurde sans avoir besoin de revendiquer quoi que ce soit, rire pour rire sans raison, sans intention…