Argh, Jacques Bou­ve­resse a cas­sé sa pipe.
Si vous ne le connais­sez pas, j’en ai par­lé plu­sieurs fois sur www.cortecs.org, met­tez le mot-clé Bou­ve­resse. Si vous vou­lez entrer dans sa lec­ture, pas tou­jours facile, je ne peux que vous recom­man­der d’é­vi­ter son trip sur Robert Musil, et de vous pen­cher sur le petit livre abso­lu­ment redou­table « Pro­diges et ver­tiges de l’a­na­lo­gie ». Pour envi­ron 10 balles, aux édi­tions Rai­sons d’a­gir, vous avez un pro­lon­ge­ment de l’af­faire Sokal.
Au som­maire :
  • Avant-pro­pos
  1. De l’art de pas­ser pour un « scien­ti­fique » aux yeux des lit­té­raires
  2. L’in­cul­ture scien­ti­fique des lit­té­raires est-elle la vraie res­pon­sable du désastre ?
  3. Com­ment les cou­pables se trans­forment en vic­times et en accu­sa­teurs
  4. Les avan­tages de l’i­gno­rance et la confu­sion consi­dé­rée comme une forme de com­pré­hen­sion supé­rieure
  5. Les mal­heurs de Gödel ou l’art d’ac­com­mo­der un théo­rème fameux à la sauce des phi­lo­sophes
  6. L’ar­gu­ment « Tu quoque ! »
  7. Qui sont les vrais enne­mis de la phi­lo­so­phie ?
  8. L’af­faire Sokal et après : la leçon sera-t-elle com­prise ?
  9. La liber­té de pen­ser sans la liber­té de cri­ti­quer ?
  • Épi­logue
Sinon, à mettre entre les deux oreilles, un mon­tage mai­son d’une émis­sion de là-bas si j’y suis du 23 sep­tembre 2013 (ça ne nous rajeu­nit pas), sur France Inter, lors d’un col­loque avec Noam Chom­sky. Ça com­mence pia­no, ça finit cres­cen­do. Ça se déguste avec un mélange Vod­ka-Mar­ti­ni-Olive (le fameux cok­tail James Bond) et ça donne envie d’utiliser son intel­lect.
À télé­char­ger ici : Noam Chom­sky, que faut-il savoir pour agir ? 23.09.2013, ou écou­ter ci-des­sous.

Enfin, pour vous don­ner l’am­pleur du per­son­nage.

Le 14 juillet 2010, la ministre Valé­rie Pécresse a ten­té de lui épin­gler une légion d’honneur à son insu. Voi­ci la teneur de sa réponse, publiée par la mai­son d’é­di­tion Agone.

Lettre de Jacques Bou­ve­resse à Mme Valé­rie Pécresse, ministre de l’Enseignement supé­rieur

En réac­tion à l’attribution d’une Légion d’honneur qu’il n’a jamais deman­dée, Jacques Bou­ve­resse à trans­mis à Agone la lettre (en date du 17 juillet 2010) par laquelle il a refu­sé cet « hon­neur ».

Madame la ministre,
Je viens d’apprendre avec éton­ne­ment par la rumeur publique et par la presse une nou­velle que m’a confir­mée la lec­ture du Jour­nal offi­ciel du 14 juillet, à savoir que je figu­rais dans la liste des pro­mus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre minis­tère, avec le grade de che­va­lier.

Or non seule­ment je n’ai jamais sol­li­ci­té de quelque façon que ce soit une dis­tinc­tion de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clai­re­ment, la pre­mière fois que la ques­tion s’est posée, il y a bien des années [Il s’agissait alors d’une pro­po­si­tion éma­nant du ministre socia­liste Jack Lang, ndlr], et à nou­veau peu de temps après avoir été élu au Col­lège de France, en 1995, que je ne sou­hai­tais en aucun cas rece­voir de dis­tinc­tions de ce genre.
Si j’avais été infor­mé de vos inten­tions, j’aurais pu aisé­ment vous pré­ci­ser que je n’ai pas chan­gé d’attitude sur ce point et que je sou­haite plus que jamais que ma volon­té soit res­pec­tée.
Il ne peut, dans ces condi­tions, être ques­tion en aucun cas pour moi d’accepter la dis­tinc­tion qui m’est pro­po­sée et – vous me par­don­ne­rez, je l’espère, de vous le dire avec fran­chise – cer­tai­ne­ment encore moins d’un gou­ver­ne­ment comme celui auquel vous appar­te­nez, dont tout me sépare radi­ca­le­ment et dont la poli­tique adop­tée à l’égard de l’Éducation natio­nale et de la ques­tion des ser­vices publics en géné­ral me semble par­ti­cu­liè­re­ment inac­cep­table.

J’ose espé­rer, par consé­quent, que vous vou­drez bien consi­dé­rer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et défi­ni­tif d’accepter l’honneur sup­po­sé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures néces­saires pour qu’il en soit tenu compte.
En vous remer­ciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sen­ti­ments les plus res­pec­tueux.
Jacques Bou­ve­resse

J’ai invi­té JB à cau­ser plu­sieurs fois sur mon cam­pus, mais il a tou­jours gen­ti­ment décli­né – je crois qu’il ne se dépla­çait plus beau­coup.
Main­te­nant je ne sais pas où il est, mais ce qui est sûr, c’est que dans s’il traîne au hui­tième cercle de l’En­fer de Dante Ali­ghie­ri, il n’est ni dans la deuxième fosse (cloaque d’im­mon­dices où sont plon­gés les flat­teurs), ni dans la sixième (celle des hypo­crites, qui marchent ployant sous une chape de plomb qui les écrase).

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