Hier, j’ai montré « Les aventures du baron de Munchausen » de Terry Gilliam (1988) à ma fille de 7 ans.
Grosses discussions sur :
- la hiérarchie nobiliaire
- la physique (peut-on se sortir d’un sable mouvant en se tirant soi-même par les cheveux ? Peut-on voyager sur un boulet de canon ?)
- surtout sur les trucages : comment faire semblant de trancher une tête ? (elle a pensé un court instant que la tête du messager turc avait été vraiment coupée)
- sur la mort (matérialisée par un squelette couvert de haillons qui brandit sa faux)
- sur le racisme ordinaire – parce que quand même, le traitement du sultan turc et de sa suite est digne des expositions coloniales.
Sur ce point j’ai tout de suite pensé au travail de Jack Shaheen, Real bad arabs, traduit « Hollywood et les arabes », en documentaire, à voir absolument au moins pour les « Lybiens » dans « Retour vers le futur ».
Pour qui voudrait en faire une version pédagogique, je vous renvoie à deux travaux pédagogiques que j’avais encadrés en 2014 :
- celui de Djamel Hadbi « Atelier Cinéma & stéréotypes : les Arabes, souffre-douleur du cinéma »,
- et à celui d’Andréa Rando-Martin « Atelier Cinéma et stéréotypes : Aladdin, de Disney et ses archétypes sexistes et racistes » co-encadré avec Clara Egger.
Servez-vous !
Richard Monvoisin
Le bouquin est surement plus détaillé mais le documentaire donne l’impression d’un gros biais de confirmation en choisissant des films soutenant son hypothèse. On aimerai aussi connaitre la portée que ces films ont eu (nombre d’entrées, exportation,…), parce qu’un film malveillant mais pas vu n’est pas une grosse affaire. On reconnait dans les extrait certains blockbuster c’est sur, et bien que l’hypothèse est à mon avis fondée, l’argumentation me semble manquer de rigueur. La fin du docu montre des films « récents » (2006) à contrario de son hypothèse pour montrer une évolution ; du coup je me demande s’il n’y a vraiment aucune exception de films similaires plus anciens qui aurait été laissé sous le tapis pour ne pas affaiblir l’hypothèse.
Merci Tom, je n’ai pas sous la main Reel bad arabs, pour vérifier quels furent les critères d’inclusion.exclusion de l’auteur, et si le docu produit par la suite respecte une certaine proximité avec le bouquin, ou s’il met au contraire l’emphase sur l’hypothèse défendue. J’aurais bien posé la question à Jack G. Shaheen, mais il a rejoint le royaume des défunts en 2017. Mais quelle que soit la rigueur du documentaire, ce qui me frappe c’est à quel point le traitement stéréotypal négatif des « Arabes » est passé sous mes radars dans ma jeunesse. Là où je voyais que Tintin au Congo ça partait en sucette sévère, j’avalais Retour vers le futur et ces pathétiques pseudo-lybiens sans broncher. En ça, le docu, je le recommande. Amicalement
Sans vraiment de relation directe avec le sujet évoqué, « retour vers le futur » mériterait une conférence tellement ce film casse les codes : voyage dans le temps, traitement de la science, évocation de l’inceste, intervention des « méchants arabes » et du bon noir qui veut devenir maire, et usage d’un langage plutôt grossier dans un film grand public (les « merde » et « putain » pullulent dans le film), tout cela en ajoutant une amitié improbable entre un adolescent et un célibataire excentrique de 60 ans (ben oui, sans dec”, comment c’est arrivé?).
Il y a moult ressources sur ces sujets sur le net, mais à ma connaissance aucune en français.
Bravo pour votre travail, à bientôt.
D’ailleurs Damien, si vous avez des ressources même en anglais sur le sujet, je suis curieux.
Je me rappelle qu’adolescente, dans les années 2000–2010, je me suis vite lassée des films d’action hollywoodiens quand j’ai compris qu’on pouvait anticiper la fin de l’histoire selon la couleur de peau des protagonistes . Bien sûr, le héros (homme blanc) survit toujours, donc le suspens s’appuie beaucoup sur les personnages secondaires. Et là c’est d’une logique redoutable : le noir-américain meurt en premier, éventuellement précédé du latino s’il y en a un, et le dernier à tomber est l’américain d’origine asiatique. Je me souviens de mon effarement quand j’ai réalisé que cette règle basique était quasi toujours vérifiée.
« mon doux », je n’avais pas vu votre com, pardonnez-moi !
J’adore votre règle. J’ai envie de la poster sur les réseaux ainsi :
« Alinta m’écrit : « règle de film d’action hollywoodien : le noir-américain meurt en premier, éventuellement précédé du latino s’il y en a un, et le dernier à tomber est l’américain d’origine asiatique. L’homme blanc, lui, survit toujours ».
Cette règle a‑t-elle été étudiée quelque part ? »
Vous êtes d’accord ? Je vous tague, selon votre pseudo sur les RS
Bon,j’ai posté – et j’ai vu qu’un livre était sorti en février 2023, The black guy dies first