Petite trouvaille, dans « une histoire particulière ép. 1″, sur France Culture le 11 avril 2020. Dans le reportage de Lénora Krief auprès du prof de français Dominique Resch, un petit passage de pédagogie ascendante, de même pas deux minutes. Kassdedi Denis Caroti. Parce que comme le dit le proverbe zététique, « Qui n’a pas fait des cours de zététique dans les quartiers nord de Marseille n’est pas un vrai zététicien, tsssk ».
J’aime ça parce que
- la langue se réinvente sans arrêt ;
- parce que comme disent les collègues belges Hoedt et Piron, c’est à celleux qui l’utilisent de décider quoi faire d’une langue (je recommande d’aller écouter leurs chroniques de l’été 2019, un régal) ;
- parce que la naphtaline est la l’Académie française, la fraîcheur la créativité et l’enjaillement est du côté du « bas-peuple » – ce qui n’est pas la première fois. Pour qui est curieux, je recommande d’aller voir de près le louchébem, la jargon des bouchers de Paris (quoique ça semble bien antérieur : il y en aurait une occurrence ou deux dans les Mémoires de Vidocq, de 1829 – je les ai lu l’an passé, mais je ne les avais pas repérées). C’est de là que proviennent « trucmuche », à « loilpé, « larfeuille », « loufiah » et autres « en loucedé » ;
- parce que tziker, c’est une sorte de phonème qu’on chope comme un tic quand on vit en Afrique de l’Ouest un peu trop longtemps (c’est mon cas) ;
- et parce qu’en tzikant, on rejoint les rares langues où les clics sont de mise, comme les langues khoïsan et bantoues. Ce qui fait qu’on part de Marseille, et on arrive à Qongqothwane, chanson en xhosa de Miriam Makeba (1932–2008), chantée comme un pied-de-nez anti-colonial (ci-dessous).
Je profite de cette digression pour dire que j’ai beaucoup de respect pour cette femme, qui a subi l’exil d’Afrique du Sud pendant trente et un ans.
Et j’en profite : dans « Les pieds sur terre » du 20 mars 2018, vous pouvez réécouter une émission de Delphine Saltel de 2012 sur du vocabulaire sociolecte « gnafou », « canard », « michto », « stave », et autres « fraîcheur ». J’adore.
Richard Monvoitssk
Commentaires récents