Vient de sor­tir en kiosque le numé­ro d’octobre/novembre 2021 de ce maga­zine, titrant : « Véri­tés et men­songes au nom de la science ». On m’y a deman­dé deux articles, dont l’un actua­li­sant mon vieux tra­vail « Recherches publiques, revues pri­vées » du Monde Diplo­ma­tique de décembre 2012.

Ça donne ceci : Études publiques, édi­teurs pri­vés, si vous vou­lez le com­man­der (sinon ici si vous n’a­vez pas le sou).
C’est cosi­gné avec l’in­croyable Camille Noûs (vous ver­rez qui est Camille en lisant l’ar­ticle).
Voi­ci ci-des­sous la ver­sion ori­gi­nale de mon texte, au plus proche de ce que je pense, avant les coups de rabot néces­saires pour ren­trer dans les pages. Par rap­port à la ver­sion papier, s’a­joutent mon ana­lo­gie avec la mafia des déco­ra­teurs (sic) et ma réfé­rence à Jonas Salk.
J’ai béné­fi­cié pour cet article des lumières et cri­tiques d’Ed­ward Ando, Her­vé Mai­son­neuve, Phi­lippe Des­sus, Livia Stahl, Nico­las Pin­sault, Phi­lippe Des­camps et Domi­nique Mul­ler. J’i­ma­gine que des coquilles, cor­ri­gées ensuite pour la ver­sion papier, émaillent mon texte. Faites-le-me-le-me-le savoir.

 

 

Une seule hirondelle ne fait pas le printemps académique

(titre ori­gi­nal)

Aux lourds rayon­nages des biblio­thèques uni­ver­si­taires s’ajoutent désor­mais une plé­thore de revues spé­cia­li­sées en ligne, pro­prié­tés de mas­to­dontes de l’édition qui gèrent la connais­sance scien­ti­fique comme une den­rée, en la pri­va­ti­sant et en spo­liant au pas­sage toute la chaîne d’élaboration des connais­sances. Cette trans­for­ma­tion pousse les scien­ti­fiques à s’interroger sur leurs modèles de publi­ca­tion, afin de les remettre au ser­vice de la connais­sance et du public.

par Richard Mon­voi­sin et Camille Noûs

Hicham Ber­ra­da ///// série « Pré­sage », 2007 – en cours
© Adagp, Paris, 2021 – Cour­te­sy the artist and kamel­men­nour, Paris/London – Pho­to­gra­phie : Laurent Lecat

« Publier ou périr » : la sen­tence du zoo­lo­giste Harold J. Coolidge (1) résume la vie d’un ensei­gnant-cher­cheur. Peu importe, pour son pres­tige uni­ver­si­taire, que son ensei­gne­ment soit brillant, ses étu­diants bien sou­te­nus ou qu’il fasse le café aux col­lègues le matin : son éva­lua­tion repose exclu­si­ve­ment sur sa recherche, selon un modèle très quan­ti­ta­tif : la somme des articles publiés dans des revues scien­ti­fiques.

Les revues sont spé­cia­li­sées selon le domaine de recherche, et clas­sées entre elles selon leur fac­teur d’impact, c’est-à-dire leur noto­rié­té sur le mar­ché du savoir. Cette valeur est fon­dée sur le nombre moyen de cita­tions des articles de ladite revue dans d’autres articles scien­ti­fiques (2). Pour choi­sir la porte à laquelle frap­per, c’est une sorte de dilemme du pri­son­nier : taper le plus haut pos­sible, mais… pas trop haut, au risque d’être blo­qué durant de longues semaines par les relec­teurs, pour finir par se faire refu­ser et pro­ba­ble­ment dou­bler dans la course à la publi­ca­tion.

L’article passe alors sous les Fourches Cau­dines de la relec­ture par des experts du domaine — ce qu’on appelle la relec­ture par les pairs, ou peer review —. S’il est accep­té, non seule­ment son auteur n’est pas payé, mais son labo­ra­toire doit aus­si bien sou­vent par­ti­ci­per aux frais de dif­fu­sion. En échange ? Une mon­naie de singe : du capi­tal sym­bo­lique (recon­nais­sance, pres­tige), avec le simple droit d’indiquer le titre de l’article sur son cur­ri­cu­lum vitae, ain­si que sur le rap­port qua­drien­nal du labo­ra­toire. Et par­fois un insi­gni­fiant petit billet de 50 ou 100€.

Trans­po­sé dans la vie de tous les jours, cela don­ne­rait ceci : un sala­rié du public, maçon char­pen­tier, aux études payées par le ser­vice public, réa­lise de fond en comble un loge­ment social avec des deniers publics. Mais pour que le loge­ment reçoive l’agrément, et que le maçon puisse sim­ple­ment se van­ter d’avoir réa­li­sé le loge­ment, il faut qu’une mafia de déco­ra­teurs en bâti­ment vienne mettre la der­nière main, avec des rideaux colo­rés… Et c’est la mafia des déco­ra­teurs qui devient pro­prié­taire du loge­ment via un bail emphy­téo­tique, en échange pour le maçon de la pos­si­bi­li­té de mettre une pho­to de la mai­son sur son CV.

Les lec­teurs-éva­lua­teurs de l’article, quant à eux, scien­ti­fiques ano­nymes sol­li­ci­tés par la revue, sont encore moins bien lotis, puisqu’anonymes, ils n’ont même pas droit à la mon­naie de singe. Par contre, être membre d’un comi­té édi­to­rial pro­cure une influence non-négli­geable : on peut faire aisé­ment publier ses amis, membres d’autres comi­tés édi­to­riaux qui nous ren­voient l’ascenseur, ce qui encou­rage la for­ma­tion d’une petite classe de super-cher­cheurs.

Et quand un cher­cheur sou­met un texte dans un domaine très poin­tu, ses relec­teurs sont, à quelques rares excep­tions près comme Publons, géné­ra­le­ment… ses propres adver­saires, qui par­ti­cipent par­fois à la même course que lui. Certes, l’honnêteté et la bonne foi pré­do­minent, et, en cas de conflit d’intérêts patent, il est pos­sible de récu­ser par avance un éva­lua­teur concur­rent. Mais les luttes d’influence et les col­lu­sions sont inévi­tables. Dans un ouvrage récent en accès ouvert, Mario Bia­gio­li et Alexan­dra Lipp­man ont ana­ly­sé com­ment le poids des indices de mesure de la pro­duc­tion scien­ti­fique modèle les mau­vaises pra­tiques en légi­ti­mant une culture de l’audit dans le monde scien­ti­fique et en encou­ra­geant la « mani­pu­la­tion des indi­ca­teurs quan­ti­ta­tifs » que sont les réseaux de cita­tions ou les éva­lua­tions entre pairs (3).

La recherche moderne s’est donc pro­gres­si­ve­ment trans­for­mée en une arène par­cou­rue par des cen­taines de ham­sters qui, comme dans un jeu vidéo, évitent flaques d’huile, peaux de banane et crocs-en-jambe sans jamais réel­le­ment pen­ser à coopé­rer contre le maître du jeu.

Cette méca­nique cap­tive paraît aujourd’hui à bout de souffle et pèse sur la qua­li­té de pro­duc­tion de la connais­sance. Les grandes revues sont engor­gées ; des résul­tats non ache­vés, d’un inté­rêt médiocre, sont par­fois publiés de manière pré­ci­pi­tée, ral­lon­geant d’autant le tra­vail biblio­gra­phique des jeunes cher­cheurs ; les résul­tats néga­tifs — c’est-à-dire non concluants —, pour­tant fort utiles, ne sont que très rare­ment publiés, car consi­dé­rés comme peu allé­chants par les revues. Le sys­tème de relec­ture par les pairs est loin de garan­tir à lui seul l’honnêteté de toutes les publi­ca­tions. Des résul­tats frau­du­leux, maquillés pour mieux séduire, voire car­ré­ment bidon­nés, passent régu­liè­re­ment ce filtre. Jan Hen­drik Schön, phy­si­cien alle­mand des labo­ra­toires Bell démas­qué en 2002 ; Hwang Woo-suk, bio­lo­giste sud-coréen déchu en 2006 ; Die­de­rik Sta­pel, psy­cho­logue néer­lan­dais sus­pen­du en 2011, ou du car­dio­logue Pie­ro Anver­sa, démis­sion­naire de l’Université Har­vard en 2018. Dès la fin des années 1980, ce genre d’affaires a conduit à la mise en place de l’Office of Research Inte­gri­ty (ORI), bureau éta­su­nien pour l’intégrité dans la recherche (4). Rares sont les cher­cheurs qui, comme dans le sillage du psy­cho­logue Domi­nique Mul­ler et des col­la­bo­ra­tions « Open science », essaient de faire le ménage et de répli­quer les expé­riences, puisqu’on ne les gra­ti­fie­ra pas ou peu pour cela. En 2016, Nature publiait un article ter­ri­fiant de Monya Baker (5) : sur 1537 cher­cheurs, plus de 70 % affirment avoir été inca­pables de repro­duire l’ex­pé­rience scien­ti­fique d’un autre cher­cheur, et plus de la moi­tié affirment avoir échoué à repro­duire… leur propre expé­rience. En onco­lo­gie, domaine cru­cial, les taux de suc­cès de repro­duc­tion sont de l’ordre de 10 % (6). La pré­ci­pi­ta­tion dans la course à la publi­ca­tion sur la ques­tion de la COVID-19 a vu une ava­lanche d’études en tous genres, pré­pu­bliées à la hâte, per­met­tant aus­si bien à des faux posi­tifs comme l’hydroxychloroquine d’avoir son heure de gloire, qu’à de véné­rables revues comme The Lan­cet de semer le doute dans des expres­sions de réserve incom­pré­hen­sibles pour le grand public.

L’évaluation des cher­cheurs en prend aus­si un coup : la quête de cita­tions engendre une forme de tra­fic d’influences, ame­nant par exemple à s’autociter ou citer des amis. On trouve éga­le­ment des articles signés de dizaines de noms : ceux de jeunes cher­cheurs ayant réa­li­sé l’essentiel du tra­vail, et ceux de direc­teurs de labo­ra­toire net­te­ment moins impli­qués — dévoie­ment d’un pro­cé­dé qui peut être légi­time dans le cas de tra­vaux fon­da­teurs ayant effec­ti­ve­ment comp­té un grand nombre de par­ti­ci­pants. À titre indi­ca­tif, Didier Raoult a offi­ciel­le­ment signé le nombre effa­rant de 228 articles durant la seule année 2020, et par un sys­tème ingé­nieux d’autocitation et de jour­naux dévoués dévoi­lé par les Qué­be­cois Gin­gras et Khel­faoui, a dopé (comme d’autres) sa place dans le SIGAPS, sys­tème d’interrogation, de ges­tion et d’analyse des publi­ca­tions scien­ti­fiques qui sert à octroyer des fonds de recherches aux éta­blis­se­ments de soin pour leurs mis­sions de recherche, sur la base du nombre d’articles qu’ils publient dans les revues (7). S’impose alors ce que le socio­logue Robert K. Mer­ton appe­lait l’« effet Mat­thieu » : « Car on don­ne­ra à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôte­ra même ce qu’il a » (Évan­gile selon saint Mat­thieu, 13:12 ), cet enchaî­ne­ment de méca­nismes par les­quels les plus favo­ri­sés, en l’occurrence les plus cités, tendent à accroître leur avan­tage sur les autres, qui iront rem­plir les colonnes de revues médiocres et peu lues.

Enfin, nou­veau­té de ces der­nières années, les articles aux mil­liers de signa­tures : le bal fut ouvert en mai 2015 avec une publi­ca­tion dans Phy­si­cal Review Let­ters sur le boson de Higgs qui fit jaser car sur les 33 pages de l’article, 24 n’étaient que la lita­nie des 5000 auteurs. Depuis, tant en phy­sique nucléaire qu’en cli­ma­to­lo­gie ou en épi­dé­mio­lo­gie, la pra­tique est cou­rante.

On l’aura devi­né, ce sys­tème s’avère en outre une triple peine pour la dépense publique. Le contri­buable finance la for­ma­tion du cher­cheur, puis finance le temps de recherche de celui-ci, le temps d’expertise des relec­teurs, et doit en rache­ter ensuite un résul­tat qui devrait être pro­prié­té publique à prix d’or. C’est en effet peu dire que la lit­té­ra­ture scien­ti­fique coûte cher. La moi­tié du bud­get de fonc­tion­ne­ment des biblio­thèques uni­ver­si­taires passe dans les bou­quets d’abonnements des Big 5 (Else­vier, Sprin­ger, Taylor&Francis, Wiley, The Ame­ri­can Che­mi­cal Socie­ty), ce qui désa­van­tage d’emblée les éta­blis­se­ments les moins riches et a des réper­cus­sions sur les frais de sco­la­ri­té des étu­diants (8).

Jusqu’ici, aux États-Unis, les Ins­ti­tuts natio­naux de la san­té avaient l’habitude d’exiger des cher­cheurs qu’ils mettent en libre accès les résul­tats de tra­vaux finan­cés par le contri­buable. Lorsque fut pré­sen­té au Congrès un pro­jet de loi inter­di­sant cette approche, en décembre 2011, de nom­breux scien­ti­fiques se révol­tèrent. Le 21 jan­vier 2012, le mathé­ma­ti­cien Timo­thy Gowers, médaille Fields en 1998, annon­ça qu’il boy­cot­tait désor­mais Else­vier, le prin­ci­pal monstre de l’édition scien­ti­fique, aux tarifs scan­da­leu­se­ment éle­vés. Après un article dans le Guar­dian, à Londres, puis dans le New York Times (9), il fut sui­vi par 34 autres mathé­ma­ti­ciens. Bien­tôt fut lan­cée une péti­tion, inti­tu­lée « The cost of know­ledge » (« le coût de la connais­sance »), signée par plus de dix mille cher­cheurs, qui mar­qua le début de ce que le jour­nal alle­mand Frank­fur­ter All­ge­meine Zei­tung appe­la « le prin­temps aca­dé­mique », en réfé­rence au prin­temps arabe. L’Université Paris-VI, qui dépense plus de 1 mil­lion d’euros par an pour ces abon­ne­ments, avait relayé le boy­cott.

Les biblio­thèques, ligo­tées, ne pou­vaient qu’approuver ; par exemple celle de Har­vard, qui se déles­tait chaque année de 3,75 mil­lions de dol­lars pour accé­der aux revues en ligne, et dont le conseil d’administration a encou­ra­gé ses deux mille cent pro­fes­seurs et cher­cheurs à mettre leurs recherches à dis­po­si­tion en ligne (10). Nous sommes tous confron­tés au même para­doxe écri­vait Robert Darn­ton, le direc­teur de la biblio­thèque. Nous menons les recherches, écri­vons les articles, œuvrons au réfé­ren­ce­ment des articles par d’autres cher­cheurs, le tout gra­tui­te­ment. Et ensuite, nous rache­tons le résul­tat de notre tra­vail à un prix scan­da­leux. » (11). Depuis 2017, l’Allemagne, la Nor­vège, un cer­tain nombre d’universités d’État fai­saient front contre les édi­teurs. Bien qu’en prin­cipe enga­gée en l’année pré­cé­dente dans un Plan natio­nal pour la science ouverte, la France a vu en avril 2019 COUPERIN, consor­tium uni­fié des éta­blis­se­ments uni­ver­si­taires et de recherche pour l’ac­cès aux publi­ca­tions numé­riques (repré­sen­tant 264 membres, uni­ver­si­tés, orga­nismes de recherche, écoles et orga­nismes ayant une mis­sion d’en­sei­gne­ment supé­rieur ou de recherche) plier au bras de fer contre Else­vier et dou­cher les espoirs d’une science en accès ouvert en France.

Le 12 avril 1955, Jonas Salk, inven­teur d’un vac­cin contre la polio­myé­lite, s’était vu poser la ques­tion par le jour­na­liste de CBS Edward Mur­row :

« Qui pos­sède le bre­vet du vac­cin ? ».

Salk avait répon­du la plus belle réponse qui soit :

« Eh bien, le peuple, j’ai envie de dire. Il n’y a pas de bre­vet. Pour­riez-vous bre­ve­ter le soleil ? ».

L’épidémie de COVID-19 aurait pu accé­lé­rer le pro­ces­sus de dépri­va­ti­sa­tion de la recherche : à enjeu inter­na­tio­nal, col­li­ger des don­nées col­lec­ti­ve­ment, réa­li­ser des prouesses col­la­bo­ra­tives en vue des vac­cins, et pro­po­ser les soins à prix coû­tant auraient dû être autant de maîtres mots. Mais quelle entre­prise aurait sacri­fié un bre­vet ? Quel cher­cheur aurait sacri­fié son capi­tal sym­bo­lique ? Cet immense gâchis n’est fina­le­ment que la somme de nos petites com­mi­sé­ra­tions, prises dans les logiques mar­chandes. Or, si besoin était encore de le mon­trer, la logique mar­chande n’est pas com­pa­tible avec une san­té publique à l’échelle mon­diale. À chaque round des com­bats entre Pfi­zer, Moder­na et autres, Salk a dû se retour­ner dans sa tombe à San Die­go.

Mais le prin­temps aca­dé­mique n’est pas ter­mi­né Il existe déjà quelques solu­tions, en par­ti­cu­lier du côté de la publi­ca­tion en libre accès (mais payante), comme PLOS One, les archives ouvertes comme HAL, arXiv, les revues comme Free­mium qui donnent un accès gra­tuit au for­mat html et payant en pdf, ou celles de type « Sub­scribe-to-open » (lit­té­ra­le­ment, « s’abonner pour ouvrir »). Idée ingé­nieuse : si un nombre suf­fi­sant de biblio­thèques s’y abonnent, alors les articles de l’année seront gra­tuits pour tous les lec­teurs. Si ce seuil n’est pas atteint, alors l’accès sera payant pour tout le monde, et les « pas­sa­gers clan­des­tins » en seront res­pon­sables. De 5 revues en 2019, ce sont 74 qui uti­lisent ce modèle en 2021. Sans comp­ter les ini­tia­tives « pirates », comme celle de l’Université d’Utrecht, en Hol­lande, qui a décla­ré il y a peu l’abandon uni­la­té­ral dès 2022 du fac­teur d’impact comme outil de mesure pour les pro­mo­tions de cher­cheurs (12) ; comme celle des faux pro­fils Ike Ant­kare, ou Camille Noûs qui cosigne cet article, et qui par son « inexis­tence » col­lec­tive et son labo­ra­toire de rat­ta­che­ment fli­bus­tier Cogi­ta­mus par­ti­cipe au sabo­tage des indi­ca­teurs de recherche ; ou celle plus ris­quée de la kaza­khe Alexan­dra Elba­kyan, avec le site Sci-Hub lan­cé en sep­tembre 2011, qui d’une part met à dis­po­si­tion de manière aus­si illé­gale que logique l’essentiel des res­sources scien­ti­fiques mon­diales, d’autre part vaut à son autrice de vivre dans la clan­des­ti­ni­té, avec trois pour­suites juri­diques sur le dos, dont une fran­çaise. En effet, le Tri­bu­nal de grande ins­tance de Paris a ordon­né en 2019 aux four­nis­seurs d’accès à inter­net Orange, SFR, Free et Bouygues Tele­com de blo­quer l’accès à Sci-Hub pen­dant un an, recon­duit par un nou­veau juge­ment ren­du en décembre 2020, et ce pour 18 mois.

À long terme, la com­mu­nau­té des cher­cheurs n’aura sans doute guère d’autre choix que de déve­lop­per ces alter­na­tives afin de grip­per un sys­tème mori­bond. Elle aurait beau jeu de le faire, puisque la plu­part des cher­cheurs… se servent com­plai­sam­ment de Sci-Hub, par le biais de RENATER, le réseau natio­nal de télé­com­mu­ni­ca­tions pour la tech­no­lo­gie, l’en­sei­gne­ment et la recherche, qui n’est pas concer­né par le juge­ment contre Sci-Hub.

Pour para­phra­ser Vol­taire : de nous autres, cher­cheurs hypo­crites, mes chats me rap­pellent les tours.

 

 

 

 

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