Drôle, grinçant, glaçant, Julie Beauzac dans le podcast « Vénus s’épilait-elle la chatte ? » (best title ever) sur les « sacrifiées du romantisme ». J’avais déjà parlé de ce podcast à propos de l’immonde (je pèse mes mots) Picasso (épisode Picasso, séparer l’œuvre de l’artiste, mai 2021). Ici encore j’y apprends plein de choses, comme la récurrence des seins à l’air à l’air dans les peintures romantiques, c’est bien connu la passion fait exploser les corsages (des filles). Et puis j’entends des citations ahurissantes. Voici par exemple notre brave Empereur Napoléon 1er qui nous délivre son savoir, j’ai été chercher la source pour être sûr :
« La femme est donné à l’homme pour qu’elle fasse des enfants. Or, une femme unique ne pourrait suffire à l’homme pour cet objet. Elle ne peut être sa femme quand elle est grosse. Elle ne peut être sa femme quand elle nourrit. Elle ne peut être sa femme quand elle est malade. Elle cesse d’être sa femme quand elle ne peut plus lui donner d’enfants. L’homme que la nature n’arrête ni par l’âge ni par aucun de ses inconvénients, doit donc avoir plusieurs femmes, etc. Et de quoi vous plaindriez-vous Mesdames ? continuait-il en souriant. Ne vous avons-nous pas reconnu une âme ? Vous savez qu’il est des philosophes qui ont balancé. Vous prétendriez à l’égalité ? Mais c’est folie : la femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne ; car elle nous donne des enfants et l’homme ne lui en donne pas. Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruit est celle du jardinier. (…) Il n’y a donc, Mesdames, et vous devez l’avouer, que le manque de jugement, les idées communes et le défaut d’éducation qui puisse porter une femme à se croire en tout l’égal de son mari. Du reste rien de déshonorant dans la différence. Chacun a ses propriétés et ses obligations. Vos propriétés Mesdames, sont la beauté, les grâces la séduction ; vos obligations, la dépendance et la soumission. »
Napoléon Bonaparte, cité par Emmanuel de las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, lundi 3 juin,éditions Barba, 1862, T IV, p 124
Celle-ci, de Charles Baudelaire, Dieu que je suis déçu :
« La femme est le contraire du Dandy. Donc elle doit faire horreur. La femme a faim, et elle veut manger ; soif, et elle veut boire. Elle est en rut, et elle veut être foutue. Le beau mérite ! La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. Aussi est-elle toujours vulgaire, c’est-à-dire le contraire du Dandy. »
Baudelaire, Mon coeur mis à nu : journal intime (1887)
Et enfin, un projet de loi de 1801 portant défense d’apprendre à lire aux femmes, de Sylvain Maréchal (par ailleurs un fervent défenseur de l’athéisme, ce qui lui vaudra de la prison).
« La Raison veut que chaque sexe soit à sa place, et s’y tienne » (art. III) ; « Il est aussi révoltant et scandaleux de voir un homme coudre, que de voir une femme écrire : de voir un homme tresser des cheveux que de voir une femme tourner des phrases » (art. V) ; « La Raison veut que les maris soient les seuls livres de leurs femmes » (art. XII) ; « La Raison n’approuve pas ces maisons d’éducation pour les jeunes demoiselles, où on leur apprend tout, excepté la seule chose qu’elles doivent connaître, la science du ménage » (art. XXIV) ; « Une femme poète* est une petite monstruosité morale et littéraire ; de même qu’une femme souverain est une monstruosité politique (art. XLV) »
*dédicace à Gabrielle Golondrina, que vous pouvez entendre ici
Léger regret d’entendre dans la bouche des invitées quelques concepts en mousse venus du freudisme, mais c’est un détail. Par contre, info que
je dois à un travail de mon ancien étudiant David Lambert, qui l’a écrit ici-même : la vague de suicides qu’aurait engendré le roman « Les souffrances du jeune Werther » de Goethe est très probablement un mythe https://www.monvoisin.xyz/goethe-effet-werther-et-vague-de-suicide-par-david-lambert/
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