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Sécheresse : pourquoi les sourciers ne servent à rien
ENTRETIEN. Le métier de sourcier ne connaît pas la crise. Pourtant, cette pratique relève de la pseudoscience, explique le chercheur Richard Monvoisin.
Pendant que la France connaît une sécheresse record, avec 93 départements concernés par des restrictions d’eau, un métier profite de la crise : celui de sourcier. Ces derniers jours, les reportages dans les médias se sont multipliés pour dresser le portrait, souvent complaisant, de ces « chercheurs d’eau » peu scrupuleux. Sollicités aussi bien par des entreprises que par des particuliers désireux de réaliser un forage pour pomper la précieuse ressource, les sourciers prétendent être dotés d’une sorte de don leur permettant de sentir le moindre filet d’eau sous leurs pieds, jusqu’à plusieurs dizaines de mètres de profondeur ! Pourtant, comme nous l’explique dans cet entretien décapant Richard Monvoisin, enseignant et chercheur à l’université Grenoble-Alpes, spécialiste de l’analyse des théories controversées, cette pratique relève de la pseudoscience.
Le Point : Comment les sourciers prétendent-ils trouver de l’eau ?
Richard Monvoisin : Du fait d’une tradition qui a cinq siècles, les méthodes sont variables. En général, le sourcier – ou rhabdomancien – utilise une baguette, à base de coudrier, l’ancien nom du noisetier. Mais il peut se servir d’un simple pendule, à l’image du célèbre Professeur Tournesol dans Tintin, ou d’une « ligne » ou antenne dite « de Lecher ». Il circule sur la zone d’investigation ou plus rarement se contente de faire la recherche sur la carte de ladite zone. Une fois un endroit indiqué, un puits est creusé. Mais, outre l’eau, on appelle parfois des sourciers pour la recherche de pétrole, de métaux, d’objets perdus, de personnes disparues, de zones maléfiques ou néfastes, quand ce ne sont pas les sourciers eux-mêmes qui viennent proposer leurs services directement.Si vous avez une petite connaissance de géologie, de botanique, et peu de scrupules, vous pouvez vous lancer dans la carrière.
Cette pratique a‑t-elle un fondement scientifique ?
Il faut savoir qu’il y a presque autant de « théories » que de praticiens. Certains y lisent un simple don transmis, d’autres y voient une capacité innée inexprimée que nous aurions tous. Il en est qui se réclament des « magnétiseurs », dans la lignée de Franz-Anton Mesmer qui, dans les années 1780 à Paris, abusait de son prétendu fluide magnétique et de la suggestibilité des malades pour les soigner. D’autres présument une filiation avec les oiseaux migrateurs et autres cétacés qui se servent effectivement (entre autres) d’organes sensoriels de localisation magnétique pour se repérer. Si vous souhaitez continuer à croire, ne lisez pas la suite. Mais, si vous voulez savoir, alors j’irai sans détour.
La sourcellerie se rattache-t-elle à quelque chose de connu ?
La réponse est non. Et ça, c’est mauvais signe, surtout pour une utilisation aussi ancienne que répandue. Mais il y a plus grave : en réalité, il n’y a pas de raison d’élaborer des théories sur la question. En effet, lorsqu’on regarde de près, il n’y a pas vraiment… de question. Il n’y a pas besoin d”« être sourcier » pour faire le sourcier.
Pourquoi arrivent-ils alors à trouver souvent de l’eau ?
Les principales raisons sont bien connues, depuis des décennies. La première, c’est qu’effectivement les sourciers trouvent de l’eau, et même un peu mieux que le quidam ignare, ce qui n’est pas très difficile puisque peu de quidams se risquent à dire de creuser ici ou là. Mais, quand on monte des protocoles de tests, on se rend compte que, sans même le savoir, les sourciers prélèvent autre chose que ce que leur baguette leur « dit » : des éléments visuels de l’environnement, plantes à hygrométrie forte, creux, etc., qui peuvent indiquer la présence d’eau souterraine. Cachons ces éléments, par exemple en empêchant la vue, et les trouvailles d’eau deviennent aléatoires.
La deuxième raison est que, dans de nombreux cas, il y a pas mal d’eau souterraine et c’est de ne pas en trouver qui serait miraculeux. Donc tous les endroits ne se « valent » pas. Nous savons tout cela depuis la fin du XVIIIe siècle et, depuis lors, de nombreuses expériences ont été menées sur le sujet, dans divers pays, avec des appels nationaux aux sourciers pour participer et co-élaborer les protocoles. Sans succès.
En résumé, si vous avez une petite connaissance de géologie, de botanique, et peu de scrupules, vous pouvez vous lancer dans la carrière. Cela étant dit, il n’est pas impossible que quelqu’un, quelque part, ait une capacité de ce type. Auquel cas qu’elle me contacte : il est dans mes attributions de tenter de mettre le doigt sur un phénomène de ce genre. Et je n’aurai aucun problème à reconnaître l’existence d’une telle capacité.
Alors, pourquoi y croit-on toujours ?
C’est un peu un mystère, car tout le travail d’analyse est déjà fourni par Michel-Eugène Chevreul en 1854 dans son ouvrage De la baguette divinatoire, du pendule dit explorateur et des tables tournantes, au point de vue de l’histoire de la critique et de la méthode expérimentale.
Disons que la méconnaissance générale des principes de science et d’expérimentation fait qu’on prend des vessies pour des lanternes. Beaucoup de nos contemporains pensent que faire appel – une fois – à un sourcier qui lui indique à peu près un vrai emplacement de source, c’est une preuve. Or une preuve, dans ce domaine, consisterait à faire chercher plusieurs fois, en double aveugle, à un sourcier un écoulement d’eau aléatoire. Cela permettrait d’évacuer tous les biais possibles. Et, quand on le fait, ça ne marche pas.
C’est le même problème que le mouvement des baguettes ou du pendule, qui convainc bien un public qui ne sait pas ce que sont les mouvements idéomoteurs, ces mouvements musculaires inconscients fort bien documentés, et qui donnent l’illusion qu’un objet bouge mû par sa propre volonté. Alors que c’est nous qui le faisons involontairement bouger vers ce que l’on a involontairement choisi. En soi, le mouvement des baguettes de sourcier n’est pas différent de celui des guéridons tournants ou des tables ouija qui, avec ses lettres de l’alphabet, promettraient de communiquer avec les esprits.
Alors, le savoir se heurte à la pléthore des expériences personnelles hors protocole et des baguettes qui bougent sans contrôle, racontées de-ci de-là. Et il faut bien se rendre compte que, du fait du grand-oncle ou du pépé qui pratique, tout le monde veut y croire, moi le premier. Beaucoup de sourciers échouent, bien sûr, et de manière visible, parfois. Mais, devant l’échec, on ne se dit pas « tiens, ça ne marche pas bien » : on conclut simplement qu’on aurait juste dû choisir un autre sourcier plus doué. Pour les mêmes raisons, nous validons rapidement les prétentions que l’on aime voir vraies. Un exemple : un sourcier vous dit de creuser 15 mètres et vous, en le faisant, vous trouvez de l’eau à 3 mètres seulement. Vu le prix du mètre linéaire de forage, vous êtes ravi et vous irez certainement prendre le sourcier dans vos bras… Sourcier qui, pourtant, s’est bien planté dans sa prédiction. Comme on dit parfois, les yeux du cœur ont mauvaise vue.
Quelles relations les sourciers entretiennent-ils avec les entreprises de forage ou certaines institutions ?
Ma petite expérience du milieu minier m’indique qu’on y préfère les cartes géologiques aux sourciers, et de loin. Chez les pétroliers aussi, peut-être « grâce » à l’affaire consternante des « avions renifleurs » de pétrole en 1979. Mais vous savez, c’est un peu la même chose chez les gendarmes et les recherches de personnes disparues : hormis quelques cas, souvent malheureux, où la maréchaussée s’est adonnée à cette pratique, les méthodes de ratissage et de forensique sont bien plus efficaces. Par contre, le nombre de gens qui disent « informer » les gendarmes, lui, est immense.
Dans le domaine des entreprises de gestion des eaux en France, je ne saurais dire, mais, il y a 5 ans, une biologiste anglaise a montré que, sur 12 entreprises, 10 utilisaient encore des sourciers, ce qui a fait grincer des dents l’OFWAT, l’organisme de régulation des eaux en Grande-Bretagne.
Je n’ai pas connaissance de procès incriminant un sourcier employé par une entreprise qui, ayant échoué, se ferait traîner en justice. Mais retarder la découverte d’une source ou faire un trou inutile ne me semble pas un drame. Par contre, si des recherches hivernales d’une personne souffrant d’Alzheimer sont perturbées par des prédictions hasardeuses de sourciers et qu’une mort de froid s’ensuit, ça risque de ne pas être la même chose.
J’ai pleuré en lisant les commentaires, mais aussi en voyant les réactions sur Facebook. C’est effarant. Bon, j’ai pas vraiment pleuré, mais effectivement c’est décourageant. J’ai l’impression que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, les gens resteront toujours ancrés dans leurs croyances. Heureusement il y a toujours l’espoir de toucher des cerveaux dilués dans la masse silencieuse (mais bon, parfois l’espoir ça suffit pas).
Éléments de réponse à cet article de Monsieur Richard MONVOISIN, du Point. »Sécheresse : pourquoi les sourciers ne servent à rien »
Bonjour
Et si les sourciers étaient utiles ?
»La réalité, c’est ce qui continue d’exister lorsqu’on cesse d’y croire »
Richard Monvoisin
SVP, Ne prenons pas nos avant-passes pour des illuminés mais pour des êtres sages qui se communiquaient leurs savoir-faire et pas leurs secrets.
Comme toujours, des opportunistes saisissent une telle »chance » pour abuser honteusement de la crédulité de certains braves gens dans le besoin.
Le sujet est devenu trop sérieux pour que toute complaisance des medias, toute plaisanterie , toute dérision soient de bon goût !
Pour que l’on comprenne bien, il fallait définir ce qu’est une pseudo-science : Connaissances empiriques en attente de démonstration scientifique avec protocole incluant les trois canons incontournables de la science, le quantifiable, le mesurable et le reproductible sauf que dans l’infiniment petit, domaines vibratoires et physique quantique, c’est plutôt difficile, voire impossible…
L’instinct fait partie intégrante du vivant. Les animaux sentent l’eau sans baguette ni pendule ni autre engin électronique ultra sophistiqué. Les plantes savent diriger leurs racines vers l’eau.Nos hommes préhistoriques devaient pour survivre avoir cet instinct ou ce »don ».
Avez-vous remarqué que dans les régions vallonnées, des fermes si situent au faîte des collines ou des coteaux ? Elles s’y sont installées„ là et pas ailleurs, avec une eau abondante„excellente et disponible.…C’est contre toute logique et pourtant. Ils n’ont pas pris »des vessies pour des lanternes. » D’abord localiser le forage avant de creuser le puits : jamais personne ne prendra le risque de faire un puits »a l’aveugle » et si les cartes géologiques qui peuvent, certes, beaucoup aider, étaient complètes a ce sujet, ça se saurait.
il faut, pour en juger objectivement, avoir connu de vrais sourciers et parfois pu les tester », même empiriquement avec, au bout, une vérification de résultat. Sur plan. Sur carte. Sur photo aérienne. Sans pendule, sans baguette, sans montre a gousset mais a main nue. Les »outils » que chacun aura choisi ne sont que des amplificateurs.
Il y aurait de l’eau partout, dites-vous ? Alors, aucun risque d’erreur, il suffira de creuser là où on se trouve » puisque ne pas en trouver serait miraculeux »
Qu’on le dise aux éleveurs, aux villageois approvisionnés aujourd’hui par camions-citernes, en ce moment de canicules en cascade et de sécheresse du siècle ! Ce serait leur rendre un immense service !
N’admettre aucune erreur est injuste. La vie est remplie d’erreurs que l’on corrige par l’expérience. La science a les siennes. Ce qui compte, c’est le résultat vérifié par la statistique, discipline bien connue du monde scientifique.
Quant à l’allusion sur les personnes disparues, il faut demander aux enquêteurs en charge, s’ils veulent bien répondre… Quoiqu’il en soit, il est des cas où aucun appoint„puisqu’il s’agit de cela, n’est à négliger. Que ferait-on nous-mêmes quand la moindre chance est à saisir ? Reste à faire parler les sempiternelles statistiques.
Ni des connaissances en géologie et en botanique, ni peu de scrupules n’autorisent a se lancer dans une activité de sourcier, bénévole ou lucrative. Les dons sont simplement de vibrer en synchronisation, puisque nous vibrons nous-mêmes, avec l’eau qui circule ( ni nappes, ni étangs, ni lacs) comme l’a précisément étudié le Professeur Yves Rocard, éminent scientifique, alors Directeur du Laboratoire de Physique a l’ENS , École Normale Supérieur. Il a mis en évidence un lien entre cette sensibilité particulière et les cristaux de magnétite que nous avons dans les articulations, les arcades sourcilières et l’oreille interne.
S’agit-il alors de dons transmis comme un secret, ou d” hérédité ?
Là, on quitte la pseudo-science pour se rapprocher de la science.
Je vous suggère de vous y atteler pour nous faire part de votre propre expérience sur le terrain ? Peut-être avez-vous, sans le savoir, une bonne dose de magnétite qui vous aura doté de ce don…
Nous avons, tous autant que nous sommes, beaucoup à gagner à chercher objectivement à savoir ou comprendre. N’est-ce pas l’objectif de la zeretique ?
Des a priori sans argument ? obscurantisme ! Comment le qualifier autrement …
Pour une information plus complète, je vous suggère vivement de relire la biographie de Serge Alalouf.
Votre article étant à charge, qui accepterait de se soumettre.?
La certitude est fille de sagesse et d’expérience.
Bien cordialement.
je vous remercie Monsieur pour votre commentaire. Je reconnais que l’article est raide (il est d’ailleurs « raidi » artificiellement, je n’ai pas choisi le titre, par exemple), mais il est basé sur les connaissances actuelles. je veux bien vous suivre sur certains points, mais il faudrait les documenter. N’allez pas croire que je n’ai pas documenté mon expertise, ni fréquenté des praticien·nes. Vous pouvez faire bouger mon expertise, mais il faut me donner « du biscuit », comme on dit. Merci pour la ref sur Serge Alallouf, que je n’ai pas lu et je vais réparer cela. Amicalement
Une remarque sur la référence à des fermes situés sur des reliefs : il faut quand même remarquer que la situation d’un bâtiment ne dépend pas seulement de la proximité d’une source, d’un point ou d’un puits, mais avant tout d’assurer sa pérennité : ne pas se situer sur une partie inondable, une terre fragile ou vulnérable… Il se trouve que les zones en hauteur offrent plus souvent ces caractéristiques que les zone en creux.
Sur la référence au Pr Rocard, qui aurait montré une hypersensibilité de certains à « l’eau qui circulé », j’ai bien peur que cela date un peu, je vous invite à lire la publication qui date de presque 20 ans d’Henri Broch sur le sujet, en réponse justement à un courrier de lecteur de son livre « devenez savant, devenez sorcier ».
http://www.unice.fr/zetetique/articles/HB_Rocard.html
Simple témoignage personnel : mon grand-Père était sourcier, reconnu par les gens de son village dans le Berry qui venaient de temps en temps le solliciter.
Il n’a jamais cru au côté « don » de l’affaire, (même si certains lui disaient qu’il n’en avait pas conscience !), mais simplement à une connaissance des lieux qu’il avait arpentés depuis sa naissance (il n’y avait pas de télé, encore moins de smartphone à l’époque, et sa participation à la résistance locale et la clandestinité l’avaient amené à se fondre dans la nature et s’y débrouiller pour survivre…), un apprentissage empirique de l’observation du sol, des reliefs, de la végétation… Il utilisait la branche en fourche pour faire plaisir à ceux qui n’auraient jamais creusé sans cela, mais en rigolait intérieurement…
Et je suis tout comme vous attristé par les commentaires des lecteurs du Point qui ne me surprennent pas malgré tout…
Merci de ce témoignage !