différents types de mousses poussant sur un crâne humain.

Cette image vient de l’ar­ticle de Pao­lo Mode­ne­si, de l’U­ni­ver­si­té de Gènes, « Skull lichens A curious chap­ter in the his­to­ry of phy­to­the­ra­py », 2014. Mais il ne me semble pas voir des usnées, si ? – qui d’ailleurs sont des lichens, pas des mousses. Pho­to : Ingo Haas

Je conti­nue ma plon­gée dans les racines des bar­reurs de feu et des sources embryon­naires du pla­ce­bo moderne. Je trouve plein de choses, dont ceci, que j’ai coeur de par­ta­ger avec vous et qui pour­ra ser­vir d’ac­ti­vi­té ludique avec des enfants durant les vacances.

Il s’a­git de la for­mule de deux onguents « para­cel­siens », l’onguent pour les bles­sures et l’onguent armaire, pris dans L’archidoxe magique, 1569 — un trai­té de magie talis­ma­nique qui n’est même pas de Para­celse, mort presque trente ans plus tôt1.

 

« Onguent pour les bles­sures : prends deux onces de mousse [NdRi­chard : usnée, dans le texte] trou­vée dans un crâne humain aban­don­né depuis quelque temps sous le ciel et ajoute à ceci une demi-once de mumia [NdRi­chard : momie en poudre], deux onces de graisse humaine, une demi-once de sang humain, deux drachmes d’huile de lin, une once d’huile de rose et une once de bol armé­nien. Broie tout cela dans un mor­tier jusqu’à obte­nir la consis­tance d’un onguent pur et fin, et tu l’enfermeras dans une boîte de bois. Si on te pré­sente une bles­sure, enduis du sang de la plaie un mor­ceau de bois, plante ce bois san­glant dans l’onguent, après que le sang aura séché d’abord sur le bois. Tous les matins, entoure la bles­sure d’une ban­de­lette nou­velle, aupa­ra­vant trem­pée dans l’urine du bles­sé. Quelque grande que soit la dite bles­sure, elle sera gué­rie sans emplâtre, sans aucune dou­leur. De cette manière, tu pour­ras gué­rir des gens à dix ou vingt lieues de toi, à condi­tion que tu puisses te pro­cu­rer une cer­taine quan­ti­té du sang du malade. L’on peut appli­quer ce remède à d’autres dou­leurs, telles que les maux de dents. N’importe quelle dou­leur sera gué­rie, si tu plantes et laisses le bois san­glant dans cette pom­made. Pareille­ment, si on te pré­sente un che­val bles­sé par un clou, trempe le petit bois dans son sang, mets-le dans la boîte rem­plie d’onguent et il ne souf­fri­ra plus. Tout cela est un miracle et don de Dieu.

Onguent armaire : tu peux faire aus­si un onguent que tu pas­se­ras sur l’arme qui a frap­pé afin de soi­gner la bles­sure sans aucune dou­leur. Celui-ci est comme l’autre mais pour le pré­pa­rer il faut ajou­ter trois onces de miel et deux onces de graisse de bœuf. Mais comme on ne peut dis­po­ser tout le temps de l’arme, il est pré­fé­rable de pro­cé­der avec le bois ».

Tiré de Pseu­do-Para­celse, Archi­doxis magi­ca, dans Huser éd., X, App. 8. Tra­duc­tion de l’allemand au latin par Gerard Dorn, 1570.

Je me rap­pelle que ce type d’onguent est un élé­ment de l’in­trigue du roman « L’île du jour d’a­vant » de Umber­to Eco.

Cou­ver­ture alle­mande d’un livre sur les sym­pa­thies de Kenelm Dig­by, Wust, 1677

Notes

  1. Il s’a­git d’une erreur d’at­tri­bu­tion de l’é­di­teur Huser, dou­blée d’une anec­dote consi­dé­rée comme impro­bable : Gio­van­ni Bat­tis­ta del­la Por­ta rap­porte qu’il aurait reçu la véri­table recette para­cel­sienne de l’onguent armaire par un cour­ti­san de l’empereur Maxi­mi­lien, ce der­nier ayant été trai­té par Para­celse d’une bles­sure à l’arme blanche en par­ve­nant au résul­tat sou­hai­té. C’est pour cela que l’onguent armaire, qui d’ailleurs exis­tait avant Para­celse, par exemple chez Car­dan, sera consi­dé­ré sien du fait d’un pseu­do-livre et d’une anec­dote. Je dois ces infor­ma­tions à la lec­ture du tra­vail de Rober­to Poma, de l’U­ni­ver­si­té Paris-Cré­teil.

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