Dans un document administratif demandé par une école normale supérieure, et reçu ce jour, j’y découvre une phrase étonnante :
« Pour les femmes mariées titulaires d’un compte joint, préciser le prénom de Monsieur ».
J’ai donc pris ma plus belle plume, et j’ai écrit.
« Bien le bonjour blablabla, merci bliblibli… Cependant je lis cette phrase… « Pour les femmes mariées.… » et je suis circonspect. Cela veut-il dire que pour les hommes mariés titulaires d’un compte joint, il n’y aurait pas à préciser le prénom de Madame ? La formulation indique aussi clairement qu’une femme mariée ne peut l’être qu’avec un Monsieur. Or depuis le décret du 18 mai 2013 (il y a plus de sept ans, donc) on peut se marier avec des gens du même sexe. Donc je pense que la formulation est très gravement obsolète, et qu’il conviendrait, pour le bien commun, de la changer. Veuillez agréer blablabla ».
Ma petite râlerie du jour à moi. Je suis comme le colibri, j’apporte ma misérable goutte. Même si je sais bien que le Rabhi ne fait pas le moine.
(On me fait remarquer d’ailleurs qu’on peut avoir des comptes joints sans être marié, ce que je devrais savoir, puisque moi-même j’en ai un avec ma compagne).
****
A peine quelques heures plus tard, je me prends à remplir les papiers de l’école pour ma gamine. On me demande plusieurs « nom du père, nom de la mère ». J’ai donc mis une petite note indiquant gentiment à l’administration : « bonjour blablabla, au nom des couples parents faits de deux pères, ou de deux mères blablabla »…
Ca me rappelle lors du don de gamète au CECOS de chez moi (cf. épisode 8 consacré sur la chaîne Mi-fougue mi-raison, sur Peertube ou Youtube ) : je pouvais lors du prélèvement me faire accompagner de « ma partenaire » (et tant pis pour ceux qui ont « un » partenaire). Un magazine pornographique d’un autre âge était mis à disposition, présentant de manière lascive uniquement des corps de femme. Bref, tout ça pour dire que sexisme ordinaire et hétérocentrisme sont comme des termites planqués dans les interstices d’un plancher. Les y débusquer, comme le disait la philosophe France Gall, c’est peut être un détail pour vous, mais pour certain·es ça veut dire beaucoup.
*
Bien amené …L’administration va t’elle comprendre ? et va t’elle réagir ? et dans combien de temps ?
C’est long, parfois, des yeux aux neurones puis des neurones aux actes de remise en cause et de rénovation .