Grotte de Lourdes

Depuis trois jours, les normes catho­liques authen­ti­fiant les phé­no­mènes sur­na­tu­rels pré­su­més ont chan­gé.

Je ne pense pas que ça vienne per­tur­ber la zété­tique moderne. J’emprunte ici à l’ar­ticle Nou­velles normes sur les phé­no­mènes sur­na­tu­rels pré­su­més, sur Vati­can news.

Selon les nou­velles normes, l’É­glise pour­ra éva­luer : « s’il est pos­sible de dis­cer­ner dans les phé­no­mènes d’o­ri­gine sur­na­tu­relle pré­su­mée la pré­sence de signes d’une action divine ; si, dans les éven­tuels écrits ou mes­sages des per­sonnes impli­quées dans les phé­no­mènes pré­su­més, il n’y a rien de contraire à la foi et aux bonnes mœurs ; s’il est licite d’en appré­cier les fruits spi­ri­tuels, ou s’il est néces­saire de les puri­fier d’éléments pro­blé­ma­tiques ou de mettre en garde les fidèles contre les dan­gers qui en découlent ; s’il est oppor­tun qu’ils fassent l’ob­jet d’une valo­ri­sa­tion pas­to­rale de la part de l’au­to­ri­té ecclé­sias­tique com­pé­tente » (I, 10). En outre, en règle géné­rale, on ne peut « attendre de l’au­to­ri­té ecclé­sias­tique une recon­nais­sance posi­tive de l’o­ri­gine divine de phé­no­mènes sur­na­tu­rels pré­su­més » (I, 11). Par consé­quent, « ni l’É­vêque dio­cé­sain, ni les Confé­rences épis­co­pales, ni le dicas­tère, en règle géné­rale, ne décla­re­ront que ces phé­no­mènes sont d’o­ri­gine sur­na­tu­relle », et seul « le Saint-Père peut auto­ri­ser une pro­cé­dure à cet égard » (I, 23).

Les votes possibles sur le phénomène présumé

Voi­ci une liste des six votes finaux pos­sibles à l’is­sue du dis­cer­ne­ment.

Nihil Obs­tat : aucune cer­ti­tude n’est expri­mée sur l’au­then­ti­ci­té sur­na­tu­relle, mais des signes d’une action de l’Es­prit sont recon­nus. L’é­vêque est encou­ra­gé à éva­luer la valeur pas­to­rale et à pro­mou­voir la dif­fu­sion du phé­no­mène, y com­pris les pèle­ri­nages.

Prae ocu­lis habea­tur : des signes posi­tifs sont recon­nus, mais il y a aus­si des élé­ments de confu­sion ou des risques qui néces­sitent un dis­cer­ne­ment et un dia­logue avec les des­ti­na­taires. Une cla­ri­fi­ca­tion doc­tri­nale peut être néces­saire si des écrits ou des mes­sages sont asso­ciés au phé­no­mène.

Cura­tur : les élé­ments cri­tiques sont pré­sents, mais il y a une large dif­fu­sion du phé­no­mène avec des fruits spi­ri­tuels véri­fiables. Une inter­dic­tion qui pour­rait déran­ger les fidèles est décou­ra­gée, mais il est deman­dé à l’é­vêque de ne pas encou­ra­ger le phé­no­mène.

Sub man­da­to : les ques­tions cri­tiques ne sont pas liées au phé­no­mène lui-même, mais à l’u­ti­li­sa­tion abu­sive qui en est faite par des indi­vi­dus ou des groupes. Le Saint-Siège confie à l’é­vêque ou à un délé­gué la direc­tion pas­to­rale du lieu.

Pro­hi­be­tur et obs­trua­tur : mal­gré quelques élé­ments posi­tifs, les cri­ti­ci­tés et les risques sont sérieux. Le dicas­tère demande à l’é­vêque de décla­rer publi­que­ment que l’adhé­sion n’est pas per­mise et d’ex­pli­quer les rai­sons de cette déci­sion.

Decla­ra­tio de non super­na­tu­ra­li­tate : l’é­vêque est auto­ri­sé à décla­rer que le phé­no­mène n’est pas sur­na­tu­rel sur la base de preuves concrètes, telles que la confes­sion d’un voyant pré­su­mé ou des témoi­gnages cré­dibles de fal­si­fi­ca­tion du phé­no­mène.

Procédures à suivre

Les pro­cé­dures à suivre sont ensuite indi­quées : il appar­tient à l’é­vêque d’exa­mi­ner le cas et de le sou­mettre à l’ap­pro­ba­tion du dicas­tère. Il est deman­dé à l’é­vêque de s’abs­te­nir de toute décla­ra­tion publique concer­nant l’au­then­ti­ci­té ou le carac­tère sur­na­tu­rel, et de veiller à ce qu’il n’y ait pas de confu­sion et que l’on ne favo­rise pas le sen­sa­tion­na­lisme. Dans le cas où les élé­ments recueillis « semblent suf­fi­sants », l’é­vêque consti­tue une com­mis­sion d’en­quête, comp­tant par­mi ses membres au moins un théo­lo­gien, un cano­niste et un expert choi­si en fonc­tion de la nature du phé­no­mène.

J’es­père qu’ils m’appelleront.

Ils ajoutent des cri­tères posi­tifs et néga­tifs :

Les cri­tères posi­tifs com­prennent « la cré­di­bi­li­té et la bonne répu­ta­tion des per­sonnes qui pré­tendent être les des­ti­na­taires de faits sur­na­tu­rels ou être direc­te­ment impli­quées dans de tels faits, ain­si que des témoins enten­dus […] l’or­tho­doxie doc­tri­nale du phé­no­mène et de l’é­ven­tuel mes­sage qui lui est asso­cié ; le carac­tère impré­vi­sible du phé­no­mène, dont il res­sort clai­re­ment qu’il n’est pas le résul­tat de l’i­ni­tia­tive des per­sonnes impli­quées ; les fruits de vie chré­tienne » (II, 14).

Les cri­tères néga­tifs com­prennent « la pré­sence éven­tuelle d’une erreur mani­feste sur le fait ; d’é­ven­tuelles erreurs doc­tri­nales […], un esprit sec­taire qui engendre la divi­sion dans le tis­su ecclé­sial ; une évi­dente recherche de pro­fit, de pou­voir, de célé­bri­té, de noto­rié­té sociale, d’in­té­rêt per­son­nel étroi­te­ment liée aux faits ; des actes gra­ve­ment immo­raux […] ; des alté­ra­tions psy­chiques ou des ten­dances psy­cho­pa­thiques chez le sujet, sus­cep­tibles d’a­voir exer­cé une influence sur le fait sur­na­tu­rel pré­su­mé, ou une psy­chose, une hys­té­rie col­lec­tive [? NdRich : ils ont un brin de retard par rap­port à la psy­chia­trie moderne] ou d’autres élé­ments rele­vant d’un hori­zon patho­lo­gique » (II, 15). Enfin, « l’u­ti­li­sa­tion de pré­ten­dues expé­riences sur­na­tu­relles ou d’élé­ments mys­tiques recon­nus comme moyen ou pré­texte pour exer­cer une domi­na­tion sur des per­sonnes ou pour com­mettre des abus » (II, 16) doit être consi­dé­rée comme par­ti­cu­liè­re­ment grave d’un point de vue moral. Quelle que soit la déci­sion finale approu­vée, l’é­vêque « a le devoir de conti­nuer à veiller sur le phé­no­mène et sur les per­sonnes impli­quées » (II, 24).

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