Hypo­thèse 0 : l’os­téo crâ­nienne sert-elle essen­tiel­le­ment à bou­cher les oreilles des bébés pour ne pas trop entendre de concepts vaseux ?

Une inter­naute vigi­lante, Gwen­do­line, m’a envoyé les nou­velles recom­man­da­tions de la HAS (Haute auto­ri­té de san­té) qui semblent être pas­sée inaper­çue en mars (2020).

Elles sont ici. Leur titre : pré­ven­tion des défor­ma­tions crâ­niennes posi­tion­nelles (DCP) et mort inat­ten­due du nour­ris­son -Recom­man­da­tion de bonne pra­tique
Il y a quelque chose que je ne sai­sis pas. L’os­téo­pa­thie y est pré­sen­tée assor­tie du com­men­taire sui­vant :
« Actuel­le­ment les don­nées scien­ti­fiques ne per­mettent pas de recom­man­der l’ostéopathie »
Ça tombe bien, j’ai par­ti­ci­pé aux rap­ports CORTECS sur l’os­téo­pa­thie (en par­ti­cu­lier celui sur l’os­téo­pa­thie crâ­nienne type Suther­land, ici), et j’af­firme que cette phrase est juste.
Mais ensuite il est indi­qué :
« Une approche ostéo­pa­thique à orien­ta­tion pédia­trique peut être asso­ciée à la kiné­si­thé­ra­pie en deuxième inten­tion dans le cadre d’une prise en charge plu­ri-pro­fes­sion­nelle. »
Alors je ne com­prends pas. Est-ce pour ména­ger les sus­cep­ti­bi­li­tés ?
Éclai­rez-moi. Je com­pi­le­rai vos com­men­taires ici.
Richard Mon­voi­sin

 

6 réponses

  1. Marc Adam dit :

    Salut !
    Je dirais que ça signi­fie : « pour l’ins­tant, on n’a pas de preuves que c’est effi­cace, mais a prio­ri ça ne fait pas de mal. » ou « on vous le conseille pas, mais vous pou­vez le faire. »
    Tiens, ça me rap­pelle le « en même temps » de quel­qu’un !

    Ce que j’en­tends sur­tout, c’est qu’il ne faut pas ris­quer une perte de chance avec une tech­nique non vali­dée. Perte de chance amoin­drie lors­qu’un pro­fes­sion­nel de san­té uti­li­sant des tech­niques vali­dées assure le sui­vi en pre­mière inten­tion.

    • Hel­lo Marc, le hic c’est que le « pour l’ins­tant on n’a pas de preuves »… quand ça fait 150 ans qu’on cherche des preuves à une théo­rie illu­mi­na­tive, c’est quand même sacré­ment mal par­ti. Bien à toi

  2. Pibeu dit :

    Effectivement…très cho­qué d’apprendre que l’on conseil en deuxième inten­tion de la kiné­si­thé­ra­pie, dont le trai­te­ment à dis­tance par visio­con­fé­rence n’est fon­dé sur aucune étude sérieuse

  3. Boulongne dit :

    Bon­jour,
    Je viens de lire votre livre La Sécu, les vau­tours et moi sur recom­man­da­tion d’a­mis qui par­ti­cipent à une réflexion sur l’i­dée d’une sécu­ri­té sociale ali­men­taire. Votre livre est très inté­res­sant mais le cha­pitre sur les méde­cines alter­na­tives me refroi­dit un peu. Votre par­ti-pris qui met dans le même sac l’ho­méo­pa­thie et l’os­téo­pa­thie me choque gran­de­ment. L’os­téo­pa­thie a été inven­tée en 1870, recon­nue en France en 2002, enca­drée par le minis­tère de la san­té en 2007 et 2014. Les pra­ti­ciens sérieux sont for­més en 5 ou 6 ans par des ostéo­pathes qua­li­fiés et des pro­fes­seurs en méde­cine. Ils forment une méde­cine com­plé­men­taire à la méde­cine conven­tion­nelle.
    Je ne suis pas ostéo­pathe. J’ai fait faire beau­coup d’é­co­no­mie à la Sécu depuis que je vais voir un ostéo à chaque fois que j’ai une scia­tal­gie. Avant, c’é­tait une consul­ta­tion de méde­cine géné­rale + une ordon­nance d’an­ti-inflam­ma­toire + 15 jours d’ar­rêt de tra­vail + 15 séances de kiné. Main­te­nant c’est une séance d’os­téo que je paye sans rem­bour­se­ment Sécu 60€ et quelques heures de repos. Fran­che­ment je pré­fère per­son­nel­le­ment et socia­le­ment la deuxième solu­tion. Mon corps m’ap­par­tient ( je me suis assez bat­tue dans les années 70 pour cela) et ma san­té aus­si. La méde­cine allo­pa­thique ne peut pas tout, elle n’est pas une science mais un art. On le voit bien en ce moment avec le Covid 19 où elle navigue à vue comme tout le monde.
    Si les autres cha­pitres du livre sont aus­si sujet à par­ti-pris que celui-là, ce serait bien dom­mage

    • Bon­jour, mer­ci de votre inté­rêt et de votre retour. Je vais devoir conti­nuer à vous faire de la peine, car l’os­téo est l’un des sujets que je connais bien et pour lequel avec des col­lègues nous avons publié de grosses syn­thèses (Rap­ports CNOMK, ici https://cortecs.org/superieur/evaluation-des-pratiques-utilisees-par-des-kinesitherapeutes-losteopathie-cranienne/ et là https://cortecs.org/superieur/rapport-cortecs-cnomk-losteopathie-viscerale-a-lepreuve-des-faits/). Il n’est pas éton­nant que certain·es soient satisfait·es du soin reçu, car la satis­fac­tion est un autre cri­tère que l’ef­fi­cac­té propre. Vu les varié­tés d’ef­fets contex­tuels aux­quels nous sommes sen­sibles, je suis méfiant de mes propres expé­riences. Qui plus est, dans les actes ostéo réa­li­sés, cer­tains sontt de la phy­sio­thé­ra­pie, qui marchent. Donc en tirer en béné­fice n’est pas éton­nant par­fois, mais ça ne valide en rien la théo­rie qui elle est même plus sca­breuse que celle de l’ho­méo­pa­thie. Ques­tion rem­bour­se­ment sécu, vous trou­ve­rez ici-même un texte qui vous inté­res­se­ra peut-être, sur les kinés-ostéos, « cen­taures de la san­té ». Hélas donc ce n’est pas du part-pris de ma part. Et si vous êtes comme je le pense une per­sonne cri­tique, vous sau­rez consta­ter comme moi les faits. Notez qu’al­lo­pa­thie par ex est un terme inven­té par Samuel Hah­ne­mann il y a 220 ans pour dési­gner « tout ce qui n’est pas l’ho­méo­pa­thie », ce qui n’est guère heu­reux. Je vous salue Eve­lyne, allez jus­qu’au bout, et sur le point que nous dis­cu­tons, véri­fiez les faits Vous serez, comme moi fina­le­ment, assez sur­prise. Et plus vous regar­de­rez les rouages du pla­ce­bo (cf article du monde diplo­ma­tique que nous avons fait) plus vous ver­rez à quel point nos intui­tions nous trompent. Mer­co

  1. 16 mai 2020

    […] Un peu de contexte d’abord. Sur ce sujet, Madame de Gas­quet (prof de Yoga avant de deve­nir méde­cin) a publié un livre « Mon bébé n’aura pas la tête plate. Pré­ve­nir et trai­ter la pla­gio­cé­pha­lie » avec le pédiatre T. Marck, bien repris par un groupe de chi­ro­prac­teurs. Savoir cela est impor­tant, car ils publiaient alors un véri­table avis contraire aux recom­man­da­tions actuelles, sous des dehors de « bons geste de pré­ven­tion » alter­na­tives, repris par plein de sites à très, très grand public : « Magic­Ma­man » Le Dr Marck, quant à lui, est très actif pour par­ler du cou­chage sur le côté, mais éga­le­ment pour faire la publi­ci­té de maté­riels, comme ce « mate­las sécu­ri­té » pour le bébé tout en fai­sant des appels à la nature, à l’exotisme ou à l’ancienneté (cf. image). Le tout appa­raît comme des « recom­man­da­tions » d’experts, et sont on ne peut plus claires : cou­cher les nou­veau-nés immé­dia­te­ment sur le côté. L’entrevue est bien évi­dem­ment reprise dans de nom­breux groupes, y com­pris de kinés, d’ostéopathes, de chi­ro­prac­teurs. . Alors que disent actuel­le­ment les recom­man­da­tions fran­çaises et inter­na­tio­nales qui font auto­ri­té sur ces sujets ? Nous allons voir tout cela [spoi­ler : Elles disent toutes la même chose !] Com­men­çons par la HAS, qui est très claire : « le cou­chage sur le côté est contre-indi­qué » car le risque de bas­cu­le­ment et d’étouffement est réel à un âge où le nou­veau né n’a pas encore acquis les retour­ne­ments. Inté­res­sant éga­le­ment, la HAS évoque aus­si la motri­ci­té libre, les varia­tions de posi­tion et l’apprentissage pro­gres­sif du cou­ché ven­tral, pro­gres­si­ve­ment, avec les parents et sous sur­veillance. Nous y revien­drons car cette base est reprise abso­lu­ment par les dif­fé­rentes recom­man­da­tions inter­na­tio­nales. Dans les com­men­taires du live ins­ta­gram du 9 mai 2020 dans lequel Madame de Gas­quet s’est expri­mé , il semble bien que le « scep­ti­cisme » quant aux recom­man­da­tions fran­çaises de la HAS ait été de mise. Un grand clas­sique ! (NdRi­chard : il faut recon­naître qu’il y a un peu de popu­lisme dans cette recom­man­da­tion, voir ici). […]

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