Tu as peur de t’emmerder cet automne près du poêle ?
Marre du Mille-bornes et du Doc­teur Maboul ?
Je te pro­pose un (deuxième) défi mora­lo-ratio­na­liste ! Ce défi n’est pas direc­te­ment le mien, il m’est pro­po­sé par mon vieux com­parse Albin Guillaud. Il aime­rait (et moi aus­si) connaître tes che­mi­ne­ments concep­tuels, où qu’ils abou­tissent, sur un sujet pré­cis. Ce qui est magique, c’est que c’est un jeu dont tou·tes les participant·es sortent gagnant·es.
Voi­ci l’é­preuve que te pro­pose Albin, si tu l’ac­ceptes

 

Étape A
(a) Se rendre à l’a­dresse https://www.givingwhatwecan.org/
(b) Scrol­ler jus­qu’à la rubrique « How rich are you ? »
© Entrer tes don­nées
(d) Cli­quer sur le bou­ton « Cal­cu­late »
(e) Lire l’en­semble des infor­ma­tions obte­nues.

Étape B
(a) Lire le cha­pitre d’un des ouvrages de Michael Hue­mer en pièce jointe (ver­sion anglaise ici ou ver­sion fran­çaise )

[c’est à la connais­sance d’Al­bin la res­source la plus claire, la plus syn­thé­tique et la plus per­cu­tante sur le sujet.]

Étape C
(a) Me dire si ça a fait bou­ger ta posi­tion préa­lable (si tu en avais une) sur le don aux orga­ni­sa­tions cari­ta­tives, et pour­quoi ?
(b) Me dire (si tu es en mesure de faire un don à une orga­ni­sa­tion cari­ta­tive effi­cace), si ça t’a convain­cu de don­ner ou non, et pour­quoi.

 

MERCI
Comme on dit au Tibet, l’es­prit cri­tique ne s’use que si l’on ne s’en sher­pa.

 

13 réponses

  1. Olivier dit :

    Je n’ai pas bou­gé ma posi­tion préa­lable, qui est de don­ner un peu mais fina­le­ment vrai­ment pas beau­coup au regard de ce que je pour­rais don­ner selon givin­ghat­we­can, et à des causes qui ne sont pas en tête de liste des prio­ri­tés morales.

    Essen­tiel­le­ment pour trois rai­sons (sans ordre spé­ci­fique d’im­por­tance) que je vous livre de manière très brute :

    1. L’argent que j’ai gagné pro­vient essen­tiel­le­ment de mon salaire, sur lequel ont déjà été pré­le­vées de nom­breuses charges, et avec lequel je vais encore payer des impôts. J’es­time donc que la part de ce que ce qu’on paie à la soli­da­ri­té natio­nale pour mon tra­vail et que je ne touche pas, de l’ordre de 40%, est déjà très sub­stan­tielle. Peut-être que si j’a­vais héri­té je rai­son­ne­rais autre­ment, mais là non.

    2. Je gagne aujourd’­hui, ok, mais demain ? En gros, la prin­ci­pale part de mon reve­nu que je ne dépense pas, je pré­fère l’é­par­gner pour mon ave­nir et celui de mes enfants.

    3. J’ai besoin de don­ner pour des causes dont l’ob­jet est impor­tant à mes yeux, pour avoir (au moins l’illu­sion d”)un cer­tain contrôle de ma vie. En effet, si on pousse le rai­son­ne­ment sou­te­nu dans le texte, on ne don­ne­rait qu’à ce qui devrait consti­tuer la prio­ri­té numé­ro un tant que cette prio­ri­té existe sur terre. Par exemple, tant qu’il existe des enfants qui meurent de faim, on ne devrait don­ner qu’à cette cause, puis aux mala­dies infan­tiles dans le tiers monde etc. Or, ce n’est pas ce qu’il se passe, et sur­tout ce n’est pas réa­liste.
    Je donne donc pour des causes que MOI j’es­time impor­tantes. En l’occurrence la recherche contre le can­cer, le don du sang, mais aus­si, ce qui est plus spé­ci­fique, l’A­FIS ou le voyage annuel des enfants de ma ville. D’autres vont don­ner à leur église ou pour la cam­pagne du can­di­dat qu’ils sou­tiennent aux pré­si­den­tielle. Il leur reste cette liber­té.

    En revanche, je me suis déjà posé la ques­tion de l’ef­fi­ca­ci­té de mes dons. Mes parents ont don­né pen­dant des années à l’ARC et nous avions tous été assez dégou­tés de voir que ça finan­çait essen­tiel­le­ment les reve­nus de son pré­sident Cro­ze­ma­rie. Je ne savais pas qu’il exis­tait des orga­nismes d’é­va­lua­tion et j’en suis ravi et inté­res­sé.

    Mer­ci en tout cas pour ce moment de réflexion.

  2. Gans dit :

    J’ap­par­tiens au 16% les plus riches au monde, mais je le savais déjà. Même en France je fais par­tie des plus favo­ri­sés, alors que le reve­nu dans mon foyer est de 7500€ / an / per­sonnes (c’est bien,mais pas excep­tion­nel). Je connais­sais déjà l’exemple de Sin­ger grâce à Thi­bault Giraud (M. Phi su YT). Je donne déjà en per­ma­nence à au moins une ONG cari­ta­tive fran­çaise et à une ency­clo­pé­die gra­tuite en ligne. J’es­time que ça compte tout autant. Je donne plus ponc­tuel­le­ment à d’autres causes où asso­cia­tions. Et je donne de mon temps. L’ap­proche uti­li­ta­riste a eu peu d’im­pact. J’adhère plu­tôt à une approche déon­to­lo­gique qui m’a­vait conduit à faire ces choix. Je ne suis pas cer­tain que je donne assez, mais comme je crains sou­vent de mettre en péril la famille sinon, je me suis fixé une limite rela­ti­ve­ment basse pour l’ins­tant. J’ar­bitre déjà en faveur de mes dons lorsque je dois tran­cher entre un achat ou un don per­ma­nent.

  3. David dit :

    Sans jeter l’en­semble de la pen­sée de l’al­truisme effi­cace, il y a beau­coup de choses dedans qui me choquent.
    L’illu­sion des indi­ca­teurs chif­frés : je suis dans les 10% des per­sonnes qui gagnent le plus d’argent sur Terre, ok, mais qu’est-ce que ça veut dire de mon niveau de vie ? de ma richesse réelle ? de ma san­té ?
    Je pour­rais finan­cer par an X médi­ca­ments et sau­ver Y vies humaines. Ok, mais pour­quoi avoir choi­si ces trai­te­ments ? Pour­quoi par­ler en vies humaines ? De quelles vies parle-t-on ?
    Pen­dant qu’on cal­cule com­bien de pan­se­ments on pour­rait ache­ter depuis notre place de pri­vi­lé­gié, on n’in­ter­roge pas les causes des plaies à pan­ser.
    Si faire le bien c’est maxi­mi­ser le nombre de trai­te­ments finan­cés, alors mon objec­tif peut deve­nir d’en finan­cer le maxi­mum, quelle que soit la manière dont je vais gagner de l’argent.
    Que faire des actions altruistes non quan­ti­fiables ou objec­ti­vables ?

    Je ne vais pas remettre en cause le fait de don­ner au cari­ta­tif ni le fait d’in­ves­ti­guer sur la des­ti­na­tion des dons (s’en mettre plein les fouilles sur le dos des bons sama­ri­tains c’est mal m’voyez). C’est la démarche ratio­na­liste extrême qui peut adve­nir par l’al­truisme effi­cace dont je me méfie.

    Cet exer­cice m’a fait réflé­chir sur les causes aux­quelles je pour­rais don­ner et com­bien je pour­rais me per­mettre de don­ner. C’est déjà ça.

  4. Gabriel dit :

    Je sais que je suis pri­vi­lé­gié (9ème décile aux pays bas, donc clai­re­ment dans le 1% glo­bal), et je donne déjà à divers causes, mais comme faci­le­ment anti­ci­pable, je ne donne « pas assez », (pro­ba­ble­ment dans les 5%, j’ai pas fais le compte récem­ment), ça n’a pas trop fait bou­ger ma posi­tion, par ce que j’é­tais déjà assez au cou­rant de cet état de fait et du dés­équi­libre.

    Je suis un peu embê­té avec l’al­truisme effi­cace et ses dérives, même si je pense que l’i­dée touche a quelque chose de fon­da­men­ta­le­ment impor­tant.

    • Mer­ci Gabriel. N’hé­si­tez pas à me trans­mettre le détail de vos cri­tiques sur les « dérives », c’est tout le sel de ce défi que de poin­ter là où ça va et où ça cloche.

      • Gabriel dit :

        Le « long­ter­mism » est pro­ba­ble­ment la dérive la plus visible de l’al­truisme effi­cace, la vision comp­table uti­li­ta­riste basé sur des hypo­thèses pro­ba­bi­listes invé­ri­fiable, mène par exemple a plus valo­ri­ser la pos­si­bi­li­té infime de quin­til­lions d’êtres humains mal­heu­reux dans un futur dis­tant, que la sur­vie ou le bon­heur a court terme d’une part signi­fi­ca­tive de l’hu­ma­ni­té, par ce que des cen­taines de mil­lions de per­sonnes, en par­ti­cu­lier ayant une faible pro­ba­bi­li­té d’in­fluer le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique de l’hu­ma­ni­té (trop pauvre), font pâle figure en com­pa­rai­son. Ces savants cal­culs semblent arri­ver a consi­dé­rer que la pos­si­bi­li­té théo­rique d’une intel­li­gence arti­fi­cielle capable de détruire l’hu­ma­ni­té (en la sur­pas­sant en puis­sance intel­lec­tuelle, et ne cher­chant pas à la ser­vir), est donc plus impor­tante que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique.

        Après, si on écarte cette dérive en par­ti­cu­lier, et qu’on reste dans un altruisme effi­cace plus tra­di­tion­nel, la consé­quence qui consiste a mettre tous les moyens dis­po­nibles ou presque, sur la chose dont on a cal­cu­lé l’u­ti­li­té maxi­male (sou­vent, la lutte contre le palu­disme), même si on sait que ces moyens ne résou­dront pas ce pro­blème, mais le sou­la­ge­ront sim­ple­ment, me semble être une vision trop limi­tante, qui prive d’autres causes tout aus­si légi­times de moyens utiles, et qui sépare les causes des gens qui essayent de les résoudre, en les pri­vant d’une impli­ca­tion intel­lec­tuelle, émo­tion­nelle, ou pra­tique, alors certes, on peut envoyer de l’argent, et dire que ça sauve sta­tis­ti­que­ment X vies, mais ce n’est pas très moti­vant ou satis­fai­sant, et donc pas cer­tain que ce soit la meilleur façon d’ob­te­nir plus d’al­truisme (ce qui est un objec­tif secon­daire dési­rable).

        Après, je ne suis pas un expert en phi­lo­so­phie morale, ni un cri­tique pas­sion­né de ce mou­ve­ment, mais je sais qu’il ne me semble pas satis­fai­sant.

  5. Nathalie dit :

    Bon­jour, cet article m’a beau­coup inté­res­sée et je vais le relire en pre­nant plus de temps . Les deux pre­mières réflexions qui me sont venues :
    – pour le moment je me sen­tais en « accord avec moi même » du fait que je m’acquitte de mes impôts très volon­tiers, sans râler et sans cher­cher à en détour­ner par le biais de l’évasion fis­cale .
    – l’idéal, lorsque l’on se décide à don­ner, serait de le faire SANS uti­li­ser son droit à déduc­tion d’impôt, car alors , c’est une forme d’évasion fis­cale , à bon escient me direz vous mais tout de même… (à tort ou à rai­son , je suis un peu une idéa­liste du ser­vice public).

    En tout cas , mer­ci et féli­ci­ta­tions pour votre tra­vail !

    • Mer­ci Natha­lie – effec­ti­ve­ment, les dons défis­ca­li­sés sou­lève un pro­blème de fond (on en débat­tait avec mon co-auteur Nico­las dans le libre « La sécu, les vau­tours et moi », je ne sais plus quelle page, et nous n’a­vions pas le même point de vue).

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