J’ai enfin en main le livret de 48 pages « Pour une relation thérapeutique saine et sécurisée, prévention des violences sexuelles au sein d’un cabinet de kinésithérapie » ! Ainsi que le déontomètre, échelle de la confiance thérapeutique.
Primo, il était temps ! Non que la kiné soit sur représentée en termes de violences sexuelles et sexistes (VSS), mais parce que la relation implique un rapport au corps et des touchers/palpations/mobilisations/massages assez particuliers.
Secundo, à ma connaissance c’est le seul Ordre à avoir fait ça ! Respect.
Bien sûr, il y a des critiques à faire, assez saillantes pour un œil averti (je vous les mets en bas)
Voici les éléments du kit, ici ou ci-dessous.
- Affiche violences faites aux femmes
- Questionnaire violences faites aux femmes
- Déontomètre
- Le guide
J’ai également appris que désormais un accord a été passé entre le Conseil de l’Ordre des masseurs-kinésitérapeutes (CNOMK) et les Parquets. Il y a maintenant une convention permettant à chaque conseil départemental de prendre contact avec le procureur dont il dépend pour améliorer les échanges d’information. Cela permet qu’il n’y ait pas d’affaires déposées au Tribunal sans que l’Ordre des kinés ne soit au courant, et vice versa, le but étant que cette coordination ne laisse plus laisser passer d’agression sexuelle ou sexiste entre les mailles du filet juridique.
Voici maintenant les retours critiques que l’on peut faire en vue d’une version 2 améliorée.
Avec ma collègue et camarade kiné Sara-Eve Graham Longsworth, nous aurions souhaité
que l’écriture inclusive soit de mise (voire la mise au féminin générique ?), non seulement pour le principe de la visibilisation des femmes, mais surtout pour éviter des trucs tristement cocasses : lire « pour protéger le patient » alors que plus de 90% des victimes adultes de VSS sont des femmes, pourrait faire rire, si ça ne faisait pas tant pleurer.
Alors que les kinés sont particulièrement en lien avec des personnes en situation de handicap (physique ou mental), il n’est nulle part fait mention ni du mot handicap, ni d’une image de personne en fauteuil roulant, par exemple). Or, lisant handicap.fr, 9% des femmes en situation de handicap sont victimes de VSS contre 5,8 % des femmes dites « valides » au sein de leur ménage, et 4 % ont subi des violences sexuelles en dehors de leur ménage contre 1,7%. Le handicap expose particulièrement aux VSS , et nécessiterait qu’on le visibilise. Sursaut d’inclusivité également attendu sur une autre population plus en butte aux VSS, les femmes racisées. Sara-Eve et moi nous sommes amusé·es à compte : sur 20 personnes stylisées représentées dans le guide, 18 sont blanches comme neige. D’ailleurs, sur 9 thérapeutes représentés, 7 sont des hommes, 8 sont blanc·hes. Quant aux 11 patientes représentées, 10 blanches, et aucun homme. Enfin, ni patien·te ni thérapeute en situation apparente de handicap. On pourrait arguer du fait que certaines statistiques sont indisponibles en France, mais tout de même..
Last but not least, quand on sait les scores de suicides ou de tentatives qu’entraîne la transphobie, c’est-à-dire le rejet parfois très violent des personnes trans qui souhaitent changer de genre, il est un peu vieux jeu de ne voir nulle mention de la transidentité. Je tiens à rappeler que si les gens qui ont mon âge ou plus sont pour ma majorité très peu sensibilisé·es aux questions trans, la jeune génération, elle, l’est en très grande proportion. Des retours comme quoi cette plaquette fleure bon le so 80’s, ça ne m’étonnerait pas.
Last but not least, quand on sait les scores de suicides ou de tentatives qu’entraîne la transphobie, c’est-à-dire le rejet parfois très violent des personnes trans qui souhaitent changer de genre, il est un peu vieux jeu de ne voir nulle mention de la transidentité. Je tiens à rappeler que si les gens qui ont mon âge ou plus sont pour ma majorité très peu sensibilisé·es aux questions trans, la jeune génération, elle, l’est en très grande proportion. Des retours comme quoi cette plaquette fleure bon le so 80’s, ça ne m’étonnerait pas.
J’ai demandé à Sara-Eve si elle avait de la ressource spécifique sur les VSS en kinésithérapie. Parmi toute la documentation généraliste ou spécifique de la gynéco-obstétrique qu’elle a, rien de spécifique kiné à se mettre sous la dent. Elle m’a cependant sorti de derrière les fagots un texte stimulant tiré d’un atelier des rencontres de la Coordination Nationale Féministe, en janvier 2022, texte qui s’intitule « Quelques réflexions sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles » (télécharger ici) et que je recommande chaudement.
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