Migoo, yéti, Big­foot, mukele-mbembe, moth­man, Nes­sie sont des clas­siques que j’a­borde en cours. Mais hier soir, ce sont des étudiant•es qui m’ont rame­né au local en me par­lant de la tarasque, de la velue de la Sarthe, et même de la vouivre ou du cué­lèbre !
la tarasque, à Taras­conla velue, dans l’Huisne (Eure-et-Loir, Orne , Sarthe)la vouivre (Lor­raine, Bour­gogne, Franche-Com­té, Jura, Suisse)le cué­lèbre, régions cel­tiques d’Es­pagne

et le cou­lobre de Dor­dogne

vouivreCuelebre

Vous avez d’autres monstres locaux, métro ou DOM-TOM, à me sug­gé­rer ?

Moi j’ai pour les Alpes

  • les car­ca­ris du Trièves
  • le dahu bien sûr
  • le mar­fo­lat d’Al­le­vard
  • le Kram­pus (pro­duit d’im­por­ta­tion autri­chienne je crois)

et il y en a plein d’autres, dont cer­tains se trouvent chez le folk­lo­riste Charles Jois­ten

Sur les réseaux sociaux, on m’a envoyé : (sauf pré­ci­sion, c’est en France)
  •  le lume­çon, dans le Hai­naut (Bel­gique). On repré­sente son com­bat avec Saint Georges lors de la ducasse de Mons.
  • Le sou­kou­gnan, ou volant (Antilles, spé­cia­le­ment Gua­de­loupe)
  • les che­vaux légen­daires du Pas-de-Calais, en Artois, Ter­nois et Boulonnais(don Ech Goblin)
  • les nutons, en Wal­lo­nie (Bel­gique) et leur équi­valent en Flandres, les kabou­ters
  • La Mache­croute, à Lyon
  • La Mère Engueule, en Bour­gogne du Sud et en Bresse
  • la fée Mélu­sine (un peu par­tout en France, et en Alle­magne)
  • Le che­val Mal­let, ou Malet (Ven­dée, Poi­tou et pays de Retz)
  • Le bras rouge (même si ce n’est as un ani­mal à pro­pre­ment par­ler)
  • La gani­pote, ou gali­pote des Cha­rentes (et semble-t-il en Forez éga­le­ment)
  • la béliche
  • le bitard, cou­sin poi­te­vin du Dahu des Alpes (mais qui a vrai­ment une forme zar­bi)

    Paraît qu’un bitard res­semble à ça

  • La lou­bie, mi-femme mi-loup, en Anjou
  • le graoul­ly à Metz
  • le lébé­rou du Péri­gord et de la Dor­dogne
  • le cou­lobre, en Dor­dogne, spé­ci­fi­que­ment à Lalinde (qui est la même chose que le cué­lèbre esp­ga­nol)
  • les kor­ri­gans, les mor­ga­ne­zed (sortes de fées des eaux), les lavan­dières de nuit en Bre­tagne
  • les Basa­jaun, Lami­nak, Heren­sugue, Tar­ta­ro en pays basque
  • et le ghjat­tu­volpe, le chat-renard corse, qui lui existe bel et bien, et semble rele­ver de la sous-espèce Chat sau­vage d’A­frique, Felis sil­ves­tris lybi­ca

Je n’ai pas gar­dé la bête du Gévau­dan, ou les bêtes de Benais, de Cin­glais, de Chai­gy, du Lyon­nais, de Vey­reau, de Sar­lat, de l’Auxer­rois, des Cévènnes, du Cézal­lier, de Pri­ma­rette, qui étaient des loups ; ni l’An­koù, le ser­vi­teur de la Mort, qui ne relève pas de la cryp­to­zoo­lo­gie ; ni le chat d’argent, man­dra­got ou mata­got de Pro­vence, un chat qui a ven­du son âme au diable.

J’ai éga­le­ment trou­vé

  • la bête d’Angles, en Ven­dée
  • le loup rouge, des Deux-Sèvres
  • la garache, de Ven­dée et du Poi­tou
  • Grand’­Goule, dra­gon du Poi­tou
  • le Tat­zel­wurm (Suisse)
  • la chèvre d’or de Pro­vence
  • la biche blanche
  • le Houé­ran des Vosges
  • le simiot d’Arles-sur-Tech
  • le Tac de Gas­cogne
  • la vogeotte du Doubs
  • le Voir­loup du Pays d’Oth
  • le Wara­bouc de la Meuse
  • Le dra­gon de Macun (Suisse)
  • le Fel­teu, fouille­tout ou feuille­teu, lutin far­ceurde Cham­pagne
  • les Fras, Fadets ou Fra­dets sont des lutins propres à l’île d’Yeu, en Ven­dée
  • Bigorne et Chi­che­face, en Anjou, Nor­man­die et Auvergne
  • la bête de Noth, très récente, qui reste non élu­ci­dée, dans la Creuse
  • le far­fa­det ou par­fois le fadet ou feu fol­let (ou esprit fol­let)

    le wara­bouc

  • le Drac d’Oc­ci­ta­nie
  • le Came-cruse (cam­ba cru­sa) de Gas­cogne
  • le Bécut de Gas­cogne
  • les lubins de Basse-Nor­man­die
  • la Pari­sette
  • le duphon des hautes-Alpes
  • le bar­be­ga­zi, de Suisse
  • le peteu de Ver­gis­son, Mâcon­nais
  • le chien noir de Pont­gi­baud
  • le volo biou, ou bœuf Caïet de St Ambroix
  • le babau, en Salanques
  • le cra­queuhhe de Lor­raine
  • le kar­na­bo des Ardennes
  • le petit homme rouge des Tui­le­ries

    la cagouille flip­pante

  • la gar­gouiile
  • Le mou­rioche à Lan­gro­lay-sur-Rance, Côtes d’Ar­mor
  • les jetins de l’Ille-et-Vilaine et de l’île de Guer­ne­sey
  • le gou­be­lin celte
  • Le pico­la­ton, pique-au-mol­let, qui­per­li­bres­son, caca­lam­bri, oiseau fabu­leux de Franche-Com­té
  • mon pré­fé­ré, le car­colh, escar­got mons­trueux des Landes, en par­ti­cu­lier à Has­tingues
  • et bien sûr la licorne

Anec­dote stu­pé­fiante. Une étu­diante fran­co-kabyle venait de me racon­ter que pour lui faire peur, en Kaby­lie, on lui disait « fais gaffe ou le bija va venir te cher­cher »… Et anec­dote dans l’a­nec­dote ! J’a­vais com­pris que Bija = Bigeard ! Le géné­ral ! Or qui vient m’expliquer mon erreur ? Rien de moins que Moha­med El Khé­bir ! Moha­med est méde­cin urgen­tiste, membre de la légen­daire col­la­bo­ra­tion Cochrane, et codi­rige avec Gérard Lam­bert la col­lec­tion « Épis­té­mo­lo­gie de la méde­cine et du soin » aux excel­len­tis­simes édi­tions Maté­rio­lo­giques. Voi­ci ce qu’il m’écrit :

« Bija, le cro­que­mi­taine n’é­tait pas Bigeard, mais son « illustre » et ter­rible pré­dé­ces­seur, Bugeaud (1784–1849), le paci­fi­ca­teur aux mains san­glantes.

« Le but n’est pas de cou­rir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récol­ter, de pâtu­rer, […] de jouir de leurs champs […]. Allez tous les ans leur brû­ler leurs récoltes […], ou bien exter­mi­nez-les jus­qu’au der­nier ». « Si ces gre­dins se retirent dans leurs cavernes, imi­tez Cavai­gnac aux Sbé­has ! Fumez-les à outrance comme des renards ». « Et moi, je consi­dère que le res­pect des règles huma­ni­taires fera que la guerre en Afrique risque de se pro­lon­ger indé­fi­ni­ment. » Ces cita­tions du maré­chal Bugeaud se trouve sur la page wiki­pé­dia qui lui est dédiée. Il y a long­temps, dans un spec­tacle de l’hu­mo­riste algé­rien Fel­lag, auquel j’as­sis­tais, [NdRi­chard : j’apprécie beau­coup Fel­lag] celui ci racon­tait qu’en­fant, sa mère le mena­çait de la venue de « Bij­ha » (l’écrit ne rend pas l’ac­cent avec lequel le nom de Bugeaud est « ara­bo-ber­be­ri­sé »), par­fois invo­qué sous le nom de Bijou, Bichou, ou Bou­chou.

Quelques infos sup­plé­men­taires sur le per­son­nage ici ; et sur un des sup­plé­tifs de Bugeaud, l’ex­cellent « L’hon­neur de Saint-Arnaud » par Fran­çis Mas­pé­ro, dont je vous recom­mande la lec­ture si le sujet vous inté­resse

Mer­ci. Voi­ci un monstre bien réel dont notre folk­lore se serait bien pas­sé.

 

Les auteurs de cette carte, certes impré­cise mais ô com­bien mignonne s’ap­pellent Neil et Char­ley Par­kin­son. L’en­tre­prise s’ap­pelle Púca Prin­thouse, et il y a plein de créa­tions de ce genre !
Ils indiquent le rô en Ven­dée, ain­si que l’éo­drille et le dard (?) mais je ne connais pas.
Au fait, la cita­tion « La Cor­rèze avant le Zam­bèze » vient du dépu­té cor­ré­zien Jean Mon­ta­lat, qui comme le défen­daient les car­tié­ristes dans les années 1950 dénon­çait les coûts éle­vés des colo­nies. Bon, la France n’a jamais eu de ter­ri­toire dans le bas­sin du Zam­bèze, qui coule de la Zam­bie au Mozam­bique, mais la rime était belle.

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