En 1989, Anice Clément est partie à la rencontre des guérisseurs du Berry, surnommés les « panseux de secret ». Redif sur France Culture hier. J’adore les écouter, c’est r’bouteux et autres – faut juste supporter la lecture psychanalytique, la citation finale de Groddeck, etc.
Mention est faite du livre d’Yves Rocard, la science et les sourciers, dont je me sers en cours pour montrer ce qu’est un mauvais protocole expérimental. Et Philippe Lançon raconte les ennuis qu’il a eus à faire un article sur le sujet.
« Installons-nous maintenant au coin du feu, près de Marcel, voix grave et rocailleuse. C’est un guérisseur, fils de guérisseur qui soigne l’eczéma, les verrues, les hémorroïdes ou les brûlures. « On étouffe le mal et on prend la maladie sur soi, raconte Marcel. Ça agit beaucoup sur le sang, ça énerve ».
Puis un autre témoignage, celui d’Annie, qui a reçu de sa mère, des formules secrètes ou des prières, pour soigner les animaux, ou guérir d’une morsure de serpent.
C’est mystérieux, ça me dépasse, c’est un pouvoir, mais j’y crois fermement. (témoignage d’une femme soignée pour un zona)
« Pour le mal de dents on invoque Sainte Apolline, car sainte Apolline a été martyrisée par écrasement des mâchoires », confie le conteur et homme de lettres Jean-Louis Boncoeur (1911–1997), grande figure du Berry, pour qui ces pratiques relèvent de l’autosuggestion.
« Le guérisseur de campagne joue un rôle intermédiaire entre le prêtre et le médecin, précise l’anthropologue Marie-Christine Pouchelle, et parle le même langage que les gens qu’il soigne » :
Il ne faut pas négliger la force de la tradition orale et l’authenticité de savoirs implicites, non livresques, non intellectuels ».
Et pour aller plus loin, cette archive INA.
Commentaires récents