Voi­là la pré­face du livre pour enfants « Zack & Zoé, la mytho­lo­gie chré­tienne Â», de Jean-Michel Abras­sart (du pod­cast Scep­ti­cisme scien­ti­fique*) et Marius Not­tet paru à l’au­tomne 2019.

Lire ça à vos enfants – ou aux enfants des autres, le soir avant de se cou­cher, leur don­ne­ra le teint frais et l’a­ve­nir cha­toyant.

Bon­jour à toi, enfant.
Tes parents sont un peu mabouls. Sans te deman­der ton avis, ils t’ont balan­cé dans ce monde, et il faut bien dire ce qui est, c’est un monde bizarre. Un peu génial par­fois, mais aus­si pas mal violent. Il y a des choses tel­le­ment belles qu’on en a les larmes aux yeux. Il y a des choses tel­le­ment moches qu’on en a …euh… aus­si les larmes aux yeux. Dans les trucs moches, il y a deux sortes de choses qui arrivent. Cer­taines qu’on ne peut pas bien pré­voir : une chute de vélo, un bal­con qui casse, une grue qui tombe, une copine qui démé­nage ou un papi qui meurt d’une crise car­diaque. C’est rare, ca arrive, c’est comme ça, on n’y peut rien. On dit que c’est la faute à « pas de chance Â».
Et puis il y a d’autres évé­ne­ments affreux qui arrivent, sim­ple­ment parce que cer­taines per­sonnes ont men­ti à d’autres, ont trom­pé des gens, ou leur ont fait croire de force à cer­taines choses qui n’existent pas réel­le­ment. Les humains, qui ne sont pas spé­cia­le­ment malins, se sont par exemple tapé des­sus pen­dant des années pour savoir si les anges avaient un zizi, ou si le dieu des uns était plus balèze que celui des autres.
Moi, je ne sais pas si un dieu existe quelque part, si ce dieu est grand, fort, rachi­tique, femme, homme ou cha­cal, ni même si les anges ont des zizis roses. Par contre je sais trois choses. La pre­mière, c’est que je n’ai aucune preuve qu’il existe un dieu. La deuxième ? Vu le bazar que la croyance en dieu apporte à chaque fois, je trouve ça mer­veilleux d’essayer d’être heu­reux et de faire du bien autour de moi tout seul, sans attendre que Vul­cain, Allah, Tou­ta­tis, ou le père fouet­tard me dicte ce que je dois faire. La troi­sième, enfin : le pre­mier devoir d’un adulte est de ne pas men­tir à un enfant. Car il n’y a pas besoin de dire que Har­ry Pot­ter existe pour aimer ses aven­tures, ni d’affirmer que le père Noël existe pour attendre fin décembre et mettre des boules au sapin.
Je pense donc qu’il n’y a pas besoin de nous faire croire sans preuve qu’il existe un dieu qui nous voit jusque dans les cabi­nets pour nous for­cer à être sym­pas, de crainte qu’il nous punisse. Les enfants qui croient en dieu iront au para­dis, s’il existe. Les autres, eh bien ils iront où ils veulent ! Et au lieu de perdre leur temps à se fâcher à cause des reli­gions, ils inven­te­ront peut être le para­dis sur Terre que nous les vieux inca­pables nous n’avons pas réus­si à leur don­ner.

Signé : un vieil enfant qui t’écrit
Richard Mon­voi­sin

* Ce bal­la­do, c’est vrai­ment de la bonne came. J’ai eu le plai­sir d’y cau­ser en 2015, sur deux épi­sodes (308 et 309), dans le bureau de JMMA his­melf (JMMA = contrac­tion de JM. Abras­sart et MMA, mixed mar­tial arts, dis­ci­pline dont nous par­ta­geons un goût pro­non­cé plus ou moins ration­nel lui et moi). Tiens, je me rends compte que j’y ai même cau­sé en mars 2010 ! On était jeunes et rasés de près à l’é­poque.

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