Der­rière son regard de velours, une ana­lyse de fer.

Avis aux spé­cia­listes de l’his­toire et du mana­ge­ment. Le copain Thi­bault Le Texier n’a jamais peur de se frot­ter aux gros dos­siers. L’an pas­sé, il avait sévè­re­ment secoué le mythe de l’im­mense Phi­lip Zim­bar­do comme un vul­gaire coco­tier (voir là). Cette fois il affronte un tra­vail du célèbre Johann Cha­pou­tot, his­to­rien du nazisme. Moi, je ne suis pas du tout spé­cia­liste de ce sujet, mais je connais la rigueur de Thi­bault. Aus­si je par­tage dere­chef, et sou­mets à votre juge­ment.

Note de lec­ture sur CHAPOUTOT Johann, Libres d’obéir : le mana­ge­ment, du nazisme à aujourd’hui, Paris : Gal­li­mard, 2020. Pré­pu­bli­ca­tion, mars 2020.

Résu­mé : le livre défend deux thèses : le nazisme a été non seule­ment « un moment mana­gé­rial », mais aus­si « une des matrices du mana­ge­ment moderne ». Ni l’une ni l’autre de ces thèses n’est cepen­dant démon­trée, la pre­mière par­tie du livre pré­sen­tant un nazisme bien peu mana­gé­rial, et la deuxième un mana­ge­ment bien peu nazi. En fait de « moment mana­gé­rial », J. Cha­pou­tot ne s’intéresse qu’à une poi­gnée de juristes SS dont les réflexions avaient davan­tage à voir avec le com­man­de­ment mili­taire qu’avec le mana­ge­ment, et dont l’influence dans le domaine mana­gé­rial semble insi­gni­fiante. La seconde thèse, quant à elle, repose sur un syl­lo­gisme biai­sé : un juriste SS devint un influent pro­fes­seur de mana­ge­ment dans l’Allemagne d’après-guerre ; or des élé­ments de sa théo­rie mana­gé­riale étaient pré­sents dans ses écrits anté­rieurs à 1945 ; donc le mana­ge­ment est lié au nazisme. Face à une ques­tion immense, J. Cha­pou­tot pro­pose une his­toire constel­lée d’angles morts, par­tiale et par­fois même ten­dan­cieuse.

La suite ici.

Richard Mon­voi­sin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *