J’ai regar­dé Šar­latán, d’A­gniesz­ka Hol­land (2020), tra­duit en « Le pro­cès de l’her­bo­riste ».

Je ne suis pas sûr d’être objec­tif, car j’ai une immense ten­dresse pour la langue tchèque, et puis j’aime bien l’ac­teur Ivan Tro­jan qui joue le gué­ris­seur (et j’a­voue, bien qu’­hé­té­ro, j’ai été char­mé par l’ac­teur slo­vaque Juraj Loj).

J’ai regar­dé ce film parce que :
– il traite d’un uro­mante, ou uro­scope, ou « mireur d’u­rine », une spé­cia­li­té alter­na­tive dont on parle peu : l’a­na­lyse de l’u­rine par trans­pa­rence, qui était pour­tant très pri­sée depuis Hip­po­crate jus­qu’au XVIIIe, avec des trai­tés entiers consa­crés, comme Car­mi­na de Uri­na­rum Judi­ciis (Poème sur les Urines) de Gilles de Cor­beil vers 1200. Exis­taient des « roue des urines », sortes de nuan­cier de cou­leurs des urines aux teintes dif­fé­rentes selon l’é­tat de san­té, et des conseils pour diag­nos­ti­quer en humant, en mirant et même en goû­tant, si si.
En voi­ci une, dont j’emprunte le cli­ché à Car­los Per­ei­ra, de l’U­ni­ver­si­té de Lis­bonne (dans « A pos­sible uro­sco­py flask of Roman age », June 2019,Zephyrus LXXXIII:201–212)

- Si l’his­toire est roman­cée, Jan Mikolášek (pro­non­cer « Yan Miko­laa­chek ») a bel et bien exis­té, et s’est retrou­vé dans une situa­tion qui rap­pelle (un peu) le cas du thé­ra­peute manuel Kers­ten, dont je vous ai déjà par­lé (ici https://www.monvoisin.xyz/petrir-himmler-comme-une-glaise-molle-et-lui-soutirer-des-vies/) qui s’est retrou­vé à pétrir Himm­ler. Mikolášek, lui, a soi­gné Mar­tin Bor­mann, le secré­taire de Hit­ler, et la sœur du ministre char­gé du pro­tec­to­rat Bohême-Mora­vie, Karl Her­mann Frank. Cela lui sera lour­de­ment repro­ché après-guerre.

archive M.-šulce

- Ses trai­te­ments sont de la phy­to­thé­ra­pie, mais je n’ai pas le détail.
– Il a reçu son don de Dieu – il le dit dans son livre « Bůh, pří­ro­da a člověk » (Dieu, la nature et l’homme).
– Pro­té­gé jus­qu’à sa mort par l’an­cien pré­sident tchèque Antonín Zápo­to­cký qu’il avait soi­gné (d’une gan­grène je crois), il s’est pris un pro­cès par le sévère com­mu­niste Antonín Novotný, ce qui lui coû­te­ra quatre ans de liber­té et tous ses biens.
– Ses mémoires sont dis­po­nibles depuis deux ans, et s’ap­pellent « Pamě­ti pří­rodní­ho léči­tele » (Mémoires d’un gué­ris­seur natu­rel ») mais je ne les ai pas lues, mes connais­sances en tchèque ne me le per­mettent pas. De même, un bou­quin est sor­ti chez Mladá fron­ta, signé Mar­tin Šulc et Iva­na Šul­cová, ça s’ap­pelle « Životní příběh Jana Mikoláš­ka – prav­da o slav­ném čes­kém léči­te­li“ (His­toire de la vie de Jan Mikolášek – la véri­té sur le célèbre gué­ris­seur tchèque).

Allez, comme on dit là-bas, už je čas jít na pivo.

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