Sean Connery, OK.
C’était l’incarnation de Guillaume d’Occam, dans l’adaptation cinématographique du roman « Le nom de la rose » d’Umberto Eco par Jean-Jacques Annaud.
Son décès le 31 octobre 2020 a ému la planète. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand quelqu’un meurt, toute critique disparaît. La mort embellit, voyez-vous.
Pour ma part, j’ai deux griefs moraux à son encontre. Le premier, je m’en suis servi dans le cadre de mes enseignements et le second, je l’ai découvert au moment d’écrire ces lignes.
Premier grief : je n’arrive pas à oublier qu’il s’est vendu 2 millions de dollars pour dire 10 mots dans une réclame visant à reverdir la banque Crédit agricole.
J’avais fait un TP sur sa pub « Crédit Agricole : it’s time for green banking » le 17 mars 2010, dans un midi critique* consacré au greenwashing et à l’écotartufferie.
J’avais utilisé en 2012 le travail de Cash investigations (4 mai 2012, saison 1 épisode 6 intitulé Marketing vert : le grand maquillage) sur le sujet, dans un stage doctoral consacré à l’Esprit critique. Cash investigations avait d’ailleurs pris un procès sur la courge par le Crédit agricole qui protestait « contre des affirmations inexactes au soutien d’interprétations tendancieuses » portant atteinte à l’honneur de l’entreprise. Le juge des référés du Tribunal de grande instance de Paris avait donné raison à la banque et ordonnait la diffusion d’un droit de réponse dans un délai de trois semaines. France 2 avait par ailleurs été condamnée à rembourser les frais de justice de la banque.
Second grief : éloge de la violence conjugale. Comme l’indique Vanity fair, dans un article de Bethsabée Krivoshey paru le 29 juillet 2015,
C’est la première femme de Sean Connery, Diane Cilento, qui a affirmé que l’acteur écossais avait physiquement et verbalement abusé d’elle lors de leur union. D’ailleurs, dans une interview filmée donnée à Barbara Walters en 1987, l’ancien James Bond réitère en disant qu’il ne pense pas que « baffer une femme soit mauvais », quand les circonstances le demandent. Il l’avait d’ailleurs déjà déclaré en 1965 au magazine Playboy : « Je ne pense pas que frapper une femme soit particulièrement mauvais – bien que je ne recommande pas de le faire de la même façon qu’on frappe un homme. Une tape la main ouverte peut être justifiée – si toutes les autres alternatives ont échoué et qu’il y a eu pleins d’avertissements. Si une femme agit comme une salope, ou une hystérique, ou est très énervée, alors je le ferai. »
Je me demande maintenant dans quel cercle du purgatoire Dante Alighieri l’aurait trouvé**.
*Les Midis critiques étaient des petits événements modestes, que je déroulais le temps de midi certains jours à destination des étudiant·es dans la période 2008–2011 (la liste est là).
** Dante a écrit entre 1303 et 1321 la fameuse Divine comédie, dans laquelle le poète Virgile visite le paradis, le purgatoire et l’enfer.
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