Dans les années 2000, une asso­cia­tion très active, appe­lée pom­peu­se­ment l’Uni­ver­si­té Inter­dis­ci­pli­naire de Paris  (UIP), pro­mou­vait for­te­ment une récon­ci­lia­tion entre les sciences et la foi. J’ai pris part à cette contro­verse, jeune doc­to­rant imberbe que j’é­tais, allant même jus­qu’à ren­con­trer, avec les copains Nico­las Vivant et Nico­las Tou­zard, le pré­sident de l’UIP him­self, Jean Staune, autour d’un thé et d’une dis­cus­sion irré­con­ci­liable certes, mais agréable*.

Une des tech­niques de l’UIP est de ratis­ser large toutes les grandes figures scien­ti­fiques pro­fes­sant une spi­ri­tua­li­té, et de com­mu­ni­quer des­sus, ce qu’elle fit en 2006 dans une tri­bune, publié dans Le Monde. Fort heu­reu­se­ment, le vigi­lant sys­té­ma­ti­cien Guillaume Lecointre**, pro­ba­ble­ment épau­lé par le bio­lo­giste Oli­vier Bros­seau***, orga­ni­sa une réponse épis­té­mo­lo­gi­que­ment solide, à laquelle je par­ti­ci­pais, et qui parut elle aus­si, en réponse, dans le même jour­nal.

J’ac­cole ici les deux tri­bunes, afin que les traces de ces luttes res­tent, et qu’elles servent de sup­port de dis­cus­sion pour tou·tes les profs de phi­lo­so­phie ou autres qui veulent intro­duire le contrat métho­do­lo­gique mini­mal en science, et repous­ser la ques­tion de la foi à sa juste place sans se faire trai­ter d’a­théistes, de racistes, de païen·nes, d’in­fi­dèles.

Voi­ci la pre­mière tri­bune.

Pour une science sans a priori

Jean Staune

Nous sommes un groupe de scien­ti­fiques venant des hori­zons les plus divers, aus­si bien sur le plan cultu­rel que sur celui des dis­ci­plines scien­ti­fiques que nous repré­sen­tons. Nous avons en com­mun le fait de pen­ser que, si les concep­tions reli­gieuses ou méta­phy­siques ne doivent en aucun cas inter­ve­nir a prio­ri dans le dérou­le­ment de la recherche scien­ti­fique, il est non seule­ment légi­time mais éga­le­ment néces­saire de réflé­chir a pos­te­rio­ri aux impli­ca­tions phi­lo­so­phiques, éthiques et méta­phy­siques des décou­vertes et des théo­ries scien­ti­fiques.

Ne pas le faire serait prendre le risque de cou­per les scien­ti­fiques et la science d’une majo­ri­té de nos contem­po­rains.

Ce débat regroupe les opi­nions les plus diverses. Ain­si le bio­lo­giste contem­po­rain Richard Daw­kins a‑t-il affir­mé que l’on pou­vait être un athée com­blé après la publi­ca­tion par Dar­win de L’O­ri­gine des espèces. Tan­dis que l’as­tro­nome Arthur Edding­ton a pu dire : « Après 1926, année de la syn­thèse de la méca­nique quan­tique, un homme intel­li­gent pou­vait de nou­veau croire en l’exis­tence de Dieu. » A l’in­verse, des bio­lo­gistes peuvent affir­mer la com­pa­ti­bi­li­té du dar­wi­nisme avec la foi en un créa­teur, et des phy­si­ciens que la phy­sique quan­tique ne dimi­nue pas la cré­di­bi­li­té du maté­ria­lisme et du scien­tisme.

Cepen­dant, la légi­ti­mi­té de ce débat est aujourd’­hui mena­cée, en France comme aux Etats-Unis, par deux confu­sions qui sont liées à l’in­tense déve­lop­pe­ment média­tique qui a eu lieu autour du mou­ve­ment dit du « Des­sein intel­li­gent » (Intel­li­gent Desi­gn). Mou­ve­ment qui trans­gresse les limites de la science à la fois par son pro­gramme poli­tique (la modi­fi­ca­tion des pro­grammes d’en­sei­gne­ment dans les lycées amé­ri­cains) et la pré­sence en son sein de nom­breux créa­tion­nistes qui nient quelques-unes des bases de la science moderne.

La pre­mière confu­sion est celle exis­tant entre « créa­tion­nistes » et ceux qui acceptent tota­le­ment l’é­vo­lu­tion tout en émet­tant dif­fé­rentes hypo­thèses sur ses méca­nismes, voire recherchent d’é­ven­tuels fac­teurs internes. Le terme « créa­tion­niste » doit être employé uni­que­ment pour qua­li­fier ceux qui nient l’exis­tence d’un ancêtre com­mun à toutes les prin­ci­pales formes de vie sur Terre et les faits de l’é­vo­lu­tion ayant mené des pre­mières formes de vie jus­qu’aux êtres actuels. Si une telle rigueur n’é­tait pas appli­quée dans l’emploi de ces termes, tous les scien­ti­fiques déistes, juifs, musul­mans et chré­tiens (ain­si que la plu­part des fon­da­teurs de la science moderne) pour­raient être qua­li­fiés de « créa­tion­nistes » en ce qu’ils croient en un prin­cipe créa­teur. On voit bien que cela mène à une confu­sion extrême.

La deuxième confu­sion est encore plus facile à faire car elle porte sur le même terme : Des­sein (Desi­gn). C’est la confu­sion entre ceux qui affirment que les pro­grès de l’as­tro­phy­sique sug­gèrent l’i­dée selon laquelle un des­sein exis­tant dans l’U­ni­vers n’est pas à exclure, et le mou­ve­ment du Des­sein intel­li­gent.

Ain­si, en 1999, l’A­me­ri­can Asso­cia­tion for Advan­ce­ment of Science (AAAS), la plus grande asso­cia­tion mon­diale de scien­ti­fiques et édi­trice de la revue Science a‑t-elle orga­ni­sé un col­loque sur les « Ques­tions cos­miques » (Cos­mic Ques­tions), dont une jour­née était inti­tu­lée : « Y a‑t-il un des­sein dans l’U­ni­vers ? » (« Is the Uni­verse desi­gned ? »). Bien enten­du, aucun des sup­por­teurs actuels du Des­sein intel­li­gent n’y avait été invi­té.

C’é­tait un débat entre astro­phy­si­ciens pro­fes­sion­nels. Le domaine de recherche concer­né est issu de la décou­verte, dans les années 1980, selon laquelle il était néces­saire que l’U­ni­vers fût réglé de la façon la plus pré­cise (fine-tuned) pour que la vie puisse y appa­raître. Et qu’une petite modi­fi­ca­tion des constantes et des lois de l’U­ni­vers ren­drait celui-ci impropre à voir s’y déve­lop­per toute forme de com­plexi­té.

Ce domaine de recherche, qui concerne ce qu’on appelle le « prin­cipe anthro­pique », a don­né lieu à de nom­breuses publi­ca­tions dans des revues à réfé­rés. L’exis­tence de ce réglage a ame­né cer­tains scien­ti­fiques à pen­ser que cela don­nait une pos­si­bi­li­té nou­velle – mais en aucun cas une preuve – à l’hy­po­thèse de l’exis­tence d’un prin­cipe créa­teur. D’autres contestent vigou­reu­se­ment cela, sans appor­ter de preuves du contraire.

Il s’a­git d’un débat d’i­dées nor­mal sur les impli­ca­tions phi­lo­so­phiques et méta­phy­siques des décou­vertes scien­ti­fiques. Ce débat a lieu à l’in­té­rieur de la com­mu­nau­té aca­dé­mique et ceux qui y par­ti­cipent ne doivent en aucun cas être confon­dus avec ceux qui nient une par­tie des fon­de­ments de la science comme le font les créa­tion­nistes et la plu­part des par­ti­sans du Des­sein intel­li­gent.

A ce pro­pos, il faut sou­li­gner que, même si l’ac­cep­ta­tion du maté­ria­lisme métho­do­lo­gique est à la base de la méthode uti­li­sée dans la plu­part des dis­ci­plines scien­ti­fiques (bien que la phy­sique quan­tique fasse excep­tion aux yeux de nombre de ses spé­cia­listes), cette accep­ta­tion ne doit pas être pré­sen­tée comme menant obli­ga­toi­re­ment au maté­ria­lisme scien­ti­fique ou le vali­dant.

Nous tenons donc à affir­mer que :

- Vou­loir se ser­vir de l’exis­tence d’un mou­ve­ment comme le Des­sein intel­li­gent pour dis­cré­di­ter les scien­ti­fiques qui affirment, a pos­te­rio­ri, que les décou­vertes scien­ti­fiques récentes donnent droit de cité, sans les prou­ver, aux concep­tions non maté­ria­listes du monde, c’est effec­tuer, volon­tai­re­ment ou non, une confu­sion qu’il convient de dénon­cer.

- Accu­ser, comme cela a été le cas récem­ment en France, ces mêmes scien­ti­fiques de se livrer à des « intru­sions spi­ri­tua­listes en science », c’est contraire à l’é­thique et à la liber­té du débat qui doit exis­ter sur les impli­ca­tions phi­lo­so­phiques et méta­phy­siques des décou­vertes scien­ti­fiques. C’est aus­si faire deux poids deux mesures, car ces mêmes per­sonnes n’ac­cusent nul­le­ment un Richard Daw­kins, par exemple, d”  »intru­sion maté­ria­liste en science ».

- Agir de cette façon, ce n’est pas ser­vir la science. En une période où il existe une crise de voca­tion impor­tante chez les jeunes pour les car­rières scien­ti­fiques, où la science est sou­mise à dif­fé­rentes sortes de cri­tiques, celle-ci se doit d’être la plus ouverte pos­sible (entre autres ouverte à la ques­tion du sens) et ne doit pas se refer­mer autour d’un ratio­na­lisme bor­né carac­té­ris­tique du scien­tisme.

- En France, l’U­ni­ver­si­té inter­dis­ci­pli­naire de Paris (UIP), aux acti­vi­tés de laquelle nous avons tous par­ti­ci­pé, à por­té ce débat sur la place publique au cours de ses dix années d’exis­tence. Elle l’a fait de façon ouverte et rigou­reuse et nous pen­sons qu’une telle démarche doit être sou­te­nue.

Les signa­taires de cet article espèrent, par cette décla­ra­tion com­mune, aider le public fran­çais et les médias en par­ti­cu­lier à évi­ter les confu­sions et les amal­games que nous avons men­tion­nés ici ; à s’in­té­res­ser au débat en cours sur les impli­ca­tions phi­lo­so­phiques et méta­phy­siques des décou­vertes scien­ti­fiques effec­tuées au cours du XXe siècle ; et enfin à res­pec­ter tous les acteurs de ce débat pour autant qu’ils se basent sur des faits admis par l’en­semble de la com­mu­nau­té scien­ti­fique.


Jacques Arsac, infor­ma­ti­cien, Aca­dé­mie des sciences ;
Mario Beau­re­gard, neu­ro­logue, uni­ver­si­té de Mont­réal ;
Ray­mond Chiao, phy­si­cien, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Ber­ke­ley ;
Free­man Dys­on, phy­si­cien, pro­fes­seur à l’Ins­ti­tut d’é­tudes avan­cées de Prin­ce­ton ;
Ber­nard d’Es­pa­gnat, phy­si­cien, Aca­dé­mie des sciences morales et poli­tiques ;
Nidhal Gues­soum, astro­nome, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té amé­ri­caine de Shar­jah ;
Stan­ley Klein, phy­si­cien, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Ber­ke­ley ;
Jean Kova­levs­ky, astro­nome, membre de l’A­ca­dé­mie des sciences ;
Domi­nique Laplane, neu­ro­logue, pro­fes­seur à l’U­ni­ver­si­té Paris-VI ;
Mario Moli­na, Prix Nobel de Chi­mie, uni­ver­si­té de San Die­go ;
Bill New­some, neu­ro­logue, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Stan­ford ;
Pierre Per­rier, modé­li­sa­tion, Aca­dé­mie des sciences ;
Lothar Scha­fer, phy­si­cien, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de l’Ar­kan­sas ;
Charles Townes, Prix Nobel de Phy­sique, uni­ver­si­té de Ber­ke­ley ;
Trinh Xuan Thuan, astro­nome, pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Vir­gi­nie.

Pour en savoir plus : Science et quête de sens, ouvrage col­lec­tif sous la direc­tion de Jean Staune (Presses de la Renais­sance, 2005).

 

Voi­ci main­te­nant la « réponse ».

Pour une science consciente de ses limites

Guillaume Lecointre

Atten­tion : les spé­cu­la­tions méta­phy­siques ou théo­lo­giques finissent tou­jours par dévoyer la démarche scien­ti­fique.

 

Nous sommes nom­breux, scien­ti­fiques venant des hori­zons les plus divers, à pen­ser qu’il est impor­tant de jouer notre rôle social en dis­tin­guant de la manière la plus claire le tra­vail légi­time qui revient à un scien­ti­fique de ce qui est propre au théo­lo­gien. En cela nous sommes rejoints par de nom­breux citoyens.

En effet, même si les auteurs du mani­feste « Pour une science sans a prio­ri » (Le Monde du 23 février) se gardent bien d’être expli­cites, les spé­cu­la­tions méta­phy­siques aux­quelles ils nous invitent sont avant tout de nature théo­lo­gique. Ce dont il s’a­git, pour être clair, c’est de savoir si la science nous donne une rai­son de croire en Dieu. De telles spé­cu­la­tions ont tou­jours mené les scien­ti­fiques dans des ornières. Les décou­vertes scien­ti­fiques comme le théo­rème de Gödel, la théo­rie du chaos, la méca­nique quan­tique, etc., n’ont pas d’im­pli­ca­tion en ce qui concerne les ques­tions méta­phy­siques telles que l’exis­tence de Dieu, l’im­mor­ta­li­té de l’âme ou le libre arbitre. Autre exemple, le phi­lo­sophe de la phy­sique, Adolf Grün­baum, a mon­tré que le dis­cours théo­lo­gique autour du prin­cipe anthro­pique (en gros, inver­sion de la rela­tion cause- effet), dont les auteurs du mani­feste, comme quelques autres scien­ti­fiques, font grand cas, était tout sim­ple­ment « inco­hé­rent ». En bref, l’his­toire des sciences nous apprend que les dis­cus­sions théo­lo­giques aux­quelles nous invitent les auteurs du mani­feste ne man­que­ront pas de dévoyer les résul­tats de la science au ser­vice d’une phi­lo­so­phie irra­tion­nelle.

Les sciences, telles qu’elles fonc­tionnent depuis la fin du XVIIIe siècle, ne sont pas struc­tu­rées pour démon­trer d’une manière active des pro­po­si­tions méta­phy­siques, morales ou poli­tiques : elles ne s’oc­cupent que de ques­tions de faits appré­hen­dables expé­ri­men­ta­le­ment. C’est une consé­quence du « maté­ria­lisme métho­do­lo­gique » de la science. Si des résul­tats scien­ti­fiques sont uti­li­sés par des acteurs reli­gieux, moraux ou poli­tiques, cela relève de leur volon­té propre mais non des scien­ti­fiques dans leurs labo­ra­toires, qui eux res­tent pas­sifs au cours de ce pro­ces­sus. En d’autres termes, les reli­gions sont libres de se ser­vir dans le maga­sin des pro­duc­tions de la science, mais cet exer­cice ne relève pas du tra­vail du scien­ti­fique ; c’est l’af­faire des théo­lo­giens. Libre au citoyen ou à l’in­di­vi­du de par­ti­ci­per au tra­vail du théo­lo­gien sur les impli­ca­tions méta­phy­siques de cer­tains résul­tats de la science ; mais il ne peut le faire au titre de son tra­vail de scien­ti­fique. Faire com­prendre cela, c’est par­ti­ci­per à la vie publique, en per­met­tant à tous de pen­ser les rap­ports éven­tuels entre science et spi­ri­tua­li­té. Cet exer­cice sera d’au­tant plus per­ti­nent que les déli­mi­ta­tions des dif­fé­rents types d’af­fir­ma­tions sur le monde (scien­ti­fique, spi­ri­tuelle, artis­tique, mytho­lo­gique, etc.) seront dési­gnées. Ne pas iden­ti­fier la struc­ture et les limites de cha­cun de ces types de dis­cours conduit à l’im­pos­si­bi­li­té de pen­ser et à des conflits appa­rents.

Sou­vent les scien­ti­fiques qui, comme nous, ont le sou­ci de rap­pe­ler les limites métho­do­lo­giques de la science, pour que le public sache ce qu’elle peut dire et ce qu’elle ne peut pas dire, sont trai­tés de « scien­tistes » ou de « ratio­na­listes bor­nés ». Le scien­tisme appa­raît plu­tôt du côté de ceux qui veulent une science omni­po­tente, qui confondent « une science sans a prio­ri » avec « une science sans limites », et qui veulent faire des scien­ti­fiques des théo­lo­giens. Les scien­ti­fiques conscients par­ti­cipent à la vie de la socié­té puis­qu’ils rem­plissent plei­ne­ment leurs devoirs dans le cadre de la laï­ci­té ins­ti­tu­tion­nelle.

L’U­ni­ver­si­té inter­dis­ci­pli­naire de Paris (UIP), finan­cée par la Fon­da­tion Tem­ple­ton « pour le pro­grès de la reli­gion », et dont la plu­part des signa­taires du texte « Pour une science sans a prio­ri » sont membres, trans­gresse régu­liè­re­ment depuis dix ans ces limites, puisque c’est au nom de la science que ses membres dis­cutent des impli­ca­tions méta­phy­siques de leurs décou­vertes, et non en tant qu’in­di­vi­dus. L’UIP trans­gresse d’ailleurs les prin­cipes qu’elle affiche, en pro­mou­vant régu­liè­re­ment des cher­cheurs qui incluent ouver­te­ment leur quête méta­phy­sique dans leur recherche scien­ti­fique. L’UIP a eu, pen­dant long­temps, des rela­tions étroites avec les pro­mo­teurs du récent phé­no­mène nord-amé­ri­cain « Intel­li­gent Desi­gn » (ID) ou des­sein intel­li­gent (réfé­rences sur le site http://jerome-segal.de/Assomat/).

Depuis le rejet média­tique et les échecs juri­diques du mou­ve­ment ID, l’UIP choi­sit sim­ple­ment une tac­tique de démar­ca­tion qui consti­tue, à notre sens, la rai­son prin­ci­pale de la décla­ra­tion « Pour une science sans a prio­ri ». Mais il est impor­tant de ne pas être trom­pé par ce sub­ter­fuge : le recours à la pro­vi­dence dans une expli­ca­tion du monde qui se veut scien­ti­fique est un point com­mun à l’UIP et à l’ID.

En outre, cela ne consti­tue en rien un nou­veau para­digme. L’his­toire des idées per­met d’i­den­ti­fier au contraire une résur­gence. Les véri­tés révé­lées, les spi­ri­tua­li­tés et les idéo­lo­gies tentent d’une manière récur­rente de s’im­po­ser dans les résul­tats de la science. Il s’a­git plu­tôt d’une remise en cause des moyens de pen­ser ration­nel­le­ment le monde. La science retour­ne­rait ain­si à un état anté­rieur à son éman­ci­pa­tion du pou­voir théo­lo­gique au XVIIIe siècle. Il ne s’a­git pas d’in­ter­dire à qui que ce soit de pen­ser quoi que ce soit, mais il est de notre devoir de scien­ti­fiques d’exi­ger qu’on désigne cela d’un autre nom que celui de « science », ou d’a­ver­tir le public qu’il ne s’a­git plus de science.


Fran­çois Atha­né, phi­lo­sophe, Paris‑X ;
Cyrille Bau­douin, jour­na­liste scien­ti­fique ;
Jean Bric­mont, phy­si­cien, uni­ver­si­té de Lou­vain ;
Oli­vier Bros­seau, bio­lo­giste ;
Jean Dubes­sy, direc­teur de recherches CNRS ;
Meriem El Karoui, micro­bio­lo­giste, INRA ;
Tho­mas Heams, bio­lo­giste, INA-PG ;
Michel Hen­ry, mathé­ma­ti­cien, UR ;
Georges Jobert, ancien direc­teur scien­ti­fique du CNRS ;
Jean-Pierre Kahane, mathé­ma­ti­cien, Aca­dé­mie des sciences ;
Jean-Paul Kri­vine, revue Science et pseu­dos­ciences ;
Guillaume Lecointre, bio­lo­giste, MNHN ;
Roger Lepeix, ingé­nieur, AFIS ;
Edouard Mache­ry, phi­lo­sophe des sciences, uni­ver­si­té de Pitts­burgh ;
Chris­tian Magnan, astro­phy­si­cien, Col­lège de France ;
Richard Mon­voi­sin, char­gé de cours de pen­sée cri­tique et zété­tique, uni­ver­si­té Fou­rier, Gre­noble ;
Cédric Mulet-Mar­quis, ensei­gnant, ENS, Lyon ;
Michel Naud, ingé­nieur, vice-pré­sident de l’A­FIS ;
Jean-Claude Pecker, astro­phy­si­cien, pro­fes­seur hono­raire au Col­lège de France ;
Pas­cal Picq, paléoan­thro­po­logue, Col­lège de France ;
Marc Sil­ber­stein, revue Matière pre­mière.

 

* Cela n’empêchera pas Jean Staune de nous affu­bler de tous les noms quelques mois plus tard, comme page  99 de son livre« La science en otage ». Je suis, écrit-il, « cer­tai­ne­ment aus­si qua­li­fié pour ensei­gner [le dis­cer­ne­ment et la liber­té de pen­sée] que pour­rait l’être un tali­ban pour ensei­gner la liber­té reli­gieuse ». Comme il donne des noms d’oi­seaux à à peu près tous les scien­ti­fiques que j’ap­pré­cie, me sen­tant en bonne com­pa­gnie je ne me suis pas for­ma­li­sé.

** Je recom­mande, par­mi moult sup­ports péda­go­giques déve­lop­pés par le pro­li­fique Guillaume, le petit bou­quin Les sciences faces aux créa­tion­nismes, aux édi­tions Quae

*** Oli­vier Bros­seau et Cyrille Bau­douin ont écrit en 2013 le salu­taire ouvrage Enquête sur les créa­tion­nismes, chez Belin J’ai eu le plai­sir d’y com­mettre quelques para­graphes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *