Ça m’a fait délirer, je partage.
Je découvre que Patrick Foye, M.D., professeur de médecine à l’Université Rutgers, New Jersey Medical School, se sert des paréidolies pour enseigner aux étudiants en médecine comment évaluer les fractures et les tumeurs malignes de la colonne vertébrale. Lors de la visualisation de radiographies « normales », les structures anatomiques osseuses normales ressemblent au visage d’un hibou. pédicules spinaux ressemblent aux yeux d’un hibou, tandis que l’apophyse épineuse ressemble à un bec. Mais lorsque le cancer érode le pédicule spinal osseux, l’aspect radiographique change donnant l’impression que l’œil du hibou semble manquant ou fermé . On parle alors du « clin d’œil », ou « signe du hibou » (1)
Le radiologue Craig Hacking utilise lui aussi Un autre motif pareidolique, le « signe du terrier scottish » sur une radiographie de la colonne vertébrale (2).
En 2021, Foye, encore, a introduit une nouvelle façon de visualiser le sacrum lors de la visualisation d’IRM et de tomodensitogrammes. Il a noté que dans certaines tranches d’image, l’anatomie sacrée humaine ressemble au visage de Grogu alias « Baby Yoda », un personnage de l’émission télévisée The Mandalorian. Les foramens sacrés, ouvertures sacrées pour les nerfs sortants ressemblent aux yeux de Baby Yoda, tandis que le canal sacré ressemble à sa bouche (3).
Dédicace à mon ami radiologue Pierre Durand, alias Caillou.
Addendum !
Yannick Mullié, qui est post-doctorant en neurosciences à l’institut du cerveau et pointu sur les atteintes motrices m’écrit :
Je voudrais te parler donc
- de la tête du panda géant
- du signe du colibri
- et des yeux de tigre.
Tous trois sont des images que les neurologues et les les radiologues cherchent sur des clichés d’IRM et qui rentrent dans la suspicion de dégénérescences neurologiques (moins de neurones = moins de matière = déformations morphologiques).
Les yeux de tigre (tiger’s eyes) signent une dégénérescence du globus pallidus, un des noyaux de sortie des ganglions de la base, réseaux de structures impliqués dans la fonction motrice et le circuit de la récompense, et sont particulièrement présents dans des inflammations de la matière gliale. Note que cette coupe est fait comme si je te coupais verticalement dans le plan frontal (de face) (Note de Richard : aïe !)
La tête de panda géant (Giant panda head), elle, se retrouve sur des coupes d’IRM en cas de dégénérescence liée à la maladie de Wilson, maladie génétique dans laquelle le cuivre s’accumule. Cette coupe est faite comme si on te décapitait et regardait du dessus à la hauteur souhaitée (coupe coronale). (Note de Richard : ouille !)
Enfin, le signe du colibri (hummingbird sign) se retrouve dans le cas d’une paralysie supra-nucléaire, maladie horrible sans traitement disponible.
Christelle Farey et Serge Sud me disent que le petit scottish, on l’appelle en France « le petit chien de Lachapèle », en hommage au médecin du même nom. Voici le texte du Dictionnaire de l’Académie de médecine :
Sur un cliché du rachis lombaire, pris en incidence oblique pour dégager les interlignes articulaires, projection des arcs postérieurs des vertèbres qui peut être assimilée à l’image de petits chiens.
Pour chacun d’eux, le museau correspond à l’apophyse transverse, l’œil au pédicule, le cou à l’isthme, l’oreille à l’apophyse articulaire supérieure, la patte avant à l’apophyse articulaire inférieure et le corps du chien à la lame.
Une solution de continuité de l’isthme (spondylolyse) donne l’image du « petit chien à collier » ou du « petit chien décapité ». A. P. Lachapèle, médecin radiologue français (1951)
(1) Foye, P ; Abdelshahed, D ; Patel, S (July 2014). « Musculoskeletal pareidolia in medical education ». The Clinical Teacher. 11 (4): 251–3
(2) Hacking, C. « Scottie dog sign (spine) ». radiopedia.com, 28 October 2020
(3) Foye, P., « Baby Yoda : Pareidolia and Patternicity in Sacral MRI and CT Scans | Tailbone Doctor ». tailbonedoctor.com. 20 February 2021
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