J’ap­prends le décès de « Pat » (Patri­cia Jane) Linse, co-fon­da­trice de la Revue Skep­tic Maga­zine avec Michael Sher­mer, que je lis régu­liè­re­ment. Dis­crète et remar­quable, elle a cas­sé sa pipe cet été. Je ne la connais­sais pas per­son­nel­le­ment. Sher­mer lui rend hom­mage dans une vidéo (cf. plus bas), en citant un pas­sage de Richard Daw­kins du  livre Unwea­ving the rain­bow (Les Mys­tères de l’arc-en-ciel, édi­té chez Bayard, 2000) que je tra­duis.

Peu importe les cri­tiques qu’on peut oppo­ser à Daw­kins, ou à Sher­mer d’ailleurs, le texte est magni­fique, je vous le livre et j’es­père ne pas le mas­sa­crer dans ma tra­duc­tion. Si vous êtes là à mes obsèques (les plus tar­dives pos­sibles), et que vous vou­lez faire plai­sir à mes proches sans vous fou­ler, ser­vez-vous !

We are going to die, and that makes us the lucky ones. Most people are never going to die because they are never going to be born. The poten­tial people who could have been here in my place but who will in fact never see the light of day out­num­ber the sand grains of Ara­bia. Cer­tain­ly those unborn ghosts include grea­ter poets than Keats, scien­tists grea­ter than New­ton. We know this because the set of pos­sible people allo­wed by our DNA so mas­si­ve­ly exceeds the set of actual people. In the teeth of these stu­pe­fying odds it is you and I, in our ordi­na­ri­ness, that are here.We pri­vi­le­ged few, who won the lot­te­ry of birth against all odds, how dare we whine at our inevi­table return to that prior state from which the vast majo­ri­ty have never stir­red ?

« Nous allons mou­rir, et cela fait de nous les chan­ceux. La plu­part des gens ne vont pas mou­rir parce qu’ils ne vont jamais naître. Les per­sonnes poten­tielles qui auraient pu être ici à ma place mais qui en fait ne ver­ront jamais le jour seront plus nom­breuses que les grains de sable d’A­ra­bie. Ces fan­tômes non-nés auraient cer­tai­ne­ment été de plus grands poètes que Keats, des scien­ti­fiques plus grands que New­ton. Nous le savons parce que l’en­semble des per­sonnes pos­sibles que per­met notre ADN dépasse mas­si­ve­ment l’en­semble des per­sonnes exis­tantes. En dépit de ces stu­pé­fiantes pro­ba­bi­li­tés, c’est vous et moi, dans notre bana­li­té, qui sommes ici. Nous, les rares pri­vi­lé­giés, qui ont gagné à la lote­rie de la nais­sance contre tous les pro­nos­tics… Com­ment ose­rions nous pleur­ni­cher à notre inévi­table retour à cet état anté­rieur dont l’im­mense majo­ri­té n’a jamais réus­si à s’ex­traire. »

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