© Pho­to­gra­phy by Stu­dio Tomás Sara­ce­no, 2016

En écou­tant une rediff de Xavier de la Porte, dans « Le code  a chan­gé » sur France Inter, je tombe sur l’é­mis­sion L’homme qui vou­lait com­mu­ni­quer avec les arai­gnées (), qui donne la parole à l’ar­tiste argen­tin Tomás Sara­ce­no.

D’ha­bi­tude, les trucs qui mélangent art et science, je suis rétif, j’ai trop vu de socio­lo­gie de l’i­ma­gi­naire fas­ti­dieuse ou de psy­cha­na­lyse à deux francs. Mais là, pas du tout.

Ça com­mence par Peter Gabriel qui a essayé de se faire accom­pa­gner au pia­no par des Bono­bos. On dirait moi ! (le bono­bo, pas Peter).

 

Bru­no en contact télé­pa­thique avec un nar­cisse

Puis, ô joie, j’en­tends le nom de Bru­no Mou­lia, que je connais, cher­cheur à Cler­mont-Fer­rand qui bosse sur la sen­si­bi­li­té des arbres d’une manière autre­ment plus sérieuse qu’Ernst Zür­cher (voir ici). Salut Bru­no ! En outre, il est grand dénon­cia­teur de la mise en coupe réglée du sys­tème de publi­ca­tion par les Else­vier et consorts. Il avait co-écrit cet excellent texte « Main basse sur la science publique » que j’a­vais repro­duit sur le site du Cor­tecs en 2013. Dans mes bras, Bru­no.

Ensuite, j’en­tends cau­ser d’a­rai­gnées et de musique, avec des saxo­pho­nistes, des gui­ta­ristes… J’ai de suite repen­sé aux n°73 et 74, à La Hulotte (meilleur jour­nal du monde, je l’ai déjà dit) sur les toiles géo­mé­triques, et au dia­pa­son que La Hulotte vend dans sa musette pour les faire sor­tir. Et j’é­clate de rire à l’a­nec­dote du cla­ri­net­tiste Evan Zapo­ryn, qui vient essayer de sti­mu­ler une arai­gnée par tous les moyens pos­sibles, et n’ob­tient un résul­tat qu’en… raclant sans le vou­loir sa cla­ri­nette contre la table.

 

Enfin, je découvre le prix Jere­my Col­ler, qui est cen­sé récom­pen­ser la pre­mière com­mu­ni­ca­tion inter-espèce, en mode « pierre de rosette » qui per­met­trait de com­prendre la tren­taine de cris de poule ou les dif­fé­rents meu­gle­ments d’une vache. Et l’ar­tiste Tomás Sara­ce­no dit en sub­stance ceci : pour­quoi aller récom­pen­ser des cher­cheurs d’al­go, alors que de la com­mu­ni­ca­tion inter-espèces, ça existe déjà ? Et de par­ler les tra­vaux de Jes­si­ca Van der Wal sur les com­mu­ni­ca­tions entre cer­tains humains, en par­ti­cu­lier les Awer (ou Aweer) du Kenya et des petits pas­se­reaux appe­lés « Grands indi­ca­teurs », ou grea­ter honey­guide, « grand guide-miel » (en latin, Indi­ca­tor indi­ca­tor). Depuis des siècles, les humains mur­murent à l’o­reille des­dits oiseaux, qui vont cher­cher les ruches sau­vages et les indiquent en chan­tant, tro­quant cette indi­ca­tion, et donc le miel, contre la cire dont ils raf­folent (pour aller plus loin, Van der Wal & al., Awer Honey-Hun­ting Culture With Grea­ter Honey­guides in Coas­tal Kenya, Front. Conserv. Sci., 03 Janua­ry 2022).


Quand Sara­ce­no a dit que le prix d’un mil­lion de dol­lars devrait reve­nir à ces Kenyans, J. Col­ler et ses col­lègues ont fait un peu la gueule.
Je vous laisse écou­ter.

J’ou­bliais : j’ai pas­sé du temps, avec des étudiant·es il y a quelques années, à véri­fier si effec­ti­ve­ment il y avait des rai­sons de pen­ser que les élé­phants par exemple, avaient pres­sen­ti le tsu­na­mi de 2004 en Asie du Sud-Est, et il sem­blait que non. Là, T. Sara­ce­no nous vend (vers la minute 43’30) l’i­dée sym­pa­thique de four­mis indi­ca­trices du tsu­na­mi.
Sym­pa­thique, mais qui sort un peu du cha­peau. J’ai­me­rais bien avoir une source. J’a­vais vague­ment lu que les four­mis rousses sen­taient les vibra­tions sis­miques et sor­taient de leur nid, mais là l’his­toire telle qu’elle est racon­tée semble cou­sue de fil (d’a­rai­gnée) blanc

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *