Qui pro­té­ge­ra les citoyen·nes engagé·es contre la dés­in­for­ma­tion et les dérives sur Inter­net ?
Je cosigne cette tri­bune, avec un petit paquet de gens qui ont essuyé invec­tives et éco­pé des tom­be­reaux de purin du fait de leur tra­vail d’in­for­ma­tion et de dis­si­pa­tion des fausses nouvelles.C’est . Je vous cale le texte ci-des­sous. Un hash­tag a été créé, pour l’oc­ca­sion #Citoyens­Du­Web.
En pas­sant, vous aurez cer­tai­ne­ment noté que le mot « citoyen·ne » est très dis­cu­table, il contient des impli­cites (c’est un effet paillas­son poten­tiel), dérive, aus­si, dés­in­for­ma­tion aus­si, et web/Internet aus­si… Et puis Libé­ra­tion a beau jeu de publier ça, alors qu’elle n’est pas la der­nière à ouvrir ses colonnes à des idées fai­san­dées. Mais bon, si on sodo­mise les che­veux et qu’on coupe les mouches en quatre, et si je regarde avec qui j’ai eu des désac­cords dans les signa­taires, il n’y a plus de tri­bune col­lec­tive pos­sible, donc je pré­fère ce qui nous relie — les insultes, menaces, le har­cè­le­ment — que les dif­fé­rences.
Ça me rap­pelle un article pos­té en sep­tembre der­nier, j’y deman­dais « Qui m’achètera une armure ? »

Alors comme les ser­viettes, faites tour­ner (si vous vou­lez)

 
 

Tri­bune
La lutte contre la dés­in­for­ma­tion en ligne est en dan­ger, par Un col­lec­tif de citoyens contre la dés­in­for­ma­tion, 17 mars 2021

Sou­vent mena­cés et har­ce­lés, les vul­ga­ri­sa­trices et vul­ga­ri­sa­teurs se sentent bien seuls face à l’ampleur du pro­blème cau­sé par les char­la­tans du Web. Des actions doivent être menées pour les accom­pa­gner dans leur démarche.

A la fin du mois de février, à la faveur d’un rap­port du minis­tère de l’Intérieur, la pro­blé­ma­tique des nou­velles formes de dérives sec­taires a fait irrup­tion dans le débat public après des années d’un silence média­tique et poli­tique inquié­tant. Pour­tant, depuis bien long­temps, des citoyennes et citoyens enga­gés contre ces idéo­lo­gies dan­ge­reuses ont ten­té de bri­ser ce silence et d’alerter sur l’émergence des char­la­tans du Web et l’emprise men­tale que cer­taines struc­tures ou indi­vi­dus exercent.

Nous sommes vidéastes, blo­gueurs, vul­ga­ri­sa­teurs, scien­ti­fiques, créa­teurs de conte­nus variés, et nous menons un com­bat citoyen pour infor­mer sur ces pra­tiques, décryp­ter les dis­cours, mettre en lumière les risques pour les vic­times, et aler­ter sur les enjeux socié­taux. Nous accom­pa­gnons toutes ces alertes d’outils et de méthodes pour aider le grand public à déve­lop­per son esprit cri­tique, pour que cha­cun soit mieux armé face aux fausses pro­messes et aux consé­quences dra­ma­tiques qui peuvent en décou­ler. Ce double tra­vail d’information et d’éducation, nous avons choi­si de le mener sur le ter­rain où sévissent ces dés­in­for­ma­teurs : Inter­net, blogs, chaînes vidéo, pod­casts, réseaux sociaux… Autant de lieux où nous nous dres­sons contre les nou­veaux obs­cu­ran­tismes.

Mais cet enga­ge­ment n’est pas sans consé­quence et les pres­sions subies par les vul­ga­ri­sa­teurs sont légion. Les res­pon­sables d’une véri­table emprise men­tale numé­rique se sen­tant en dan­ger font tout pour nous faire taire. Ils réus­sissent par­fois à invi­si­bi­li­ser les cri­tiques argu­men­tées en les fai­sant sup­pri­mer de la Toile, au pré­texte d’atteinte aux droits d’auteur. Pour eux, la par­tie est aisée puisque les textes de loi pro­té­geant les vic­times de ceux qui cherchent à les abu­ser n’ont pas encore été conve­na­ble­ment adap­tés à l’essor du Web, lais­sant de telles dérives dans un flou juri­dique qua­si total.

Cette lutte est clai­re­ment asy­mé­trique

Quand les ten­ta­tives de cen­sure ne suf­fisent pas, les dés­in­for­ma­teurs ins­tru­men­ta­lisent la jus­tice pour ten­ter de nous inti­mi­der et de nous décou­ra­ger, en mul­ti­pliant les plaintes abu­sives et les cour­riers d’avocats. Cer­tains portent atteinte à notre vie pri­vée en ren­dant publiques nos iden­ti­tés, rom­pant ain­si le pseu­do­ny­mat que cer­tains d’entre nous ont choi­si comme pro­tec­tion mini­male face à la vio­lence qui leur est oppo­sée. Et rap­pe­lons-le, cet ano­ny­mat tout rela­tif ne per­met en aucun cas d’outrepasser les lois.

Une fois une iden­ti­té révé­lée, les injures s’accentuent, des pres­sions s’exercent auprès de notre employeur pour nuire à notre car­rière pro­fes­sion­nelle, et le har­cè­le­ment ciblé peut aller jusqu’à por­ter atteinte à notre famille et nos proches. Enfin, arrivent les appels à la vio­lence et par­fois les menaces de mort ; les sym­pa­thi­sants de ces nou­veaux gou­rous du Net y étant sou­vent encou­ra­gés par leurs lea­ders eux-mêmes. L’objectif est clair : nous faire peur, nous faire taire et main­te­nir leur emprise.

Face à cette vio­lence et à des menaces qui peuvent peser très lourd sur nos vies pri­vées, cer­tains vul­ga­ri­sa­teurs ont d’ores et déjà jeté l’éponge, et d’autres le feront sans doute. Nous nous sen­tons sou­vent bien seuls face à l’ampleur du pro­blème actuel. Parce que cette lutte est clai­re­ment asy­mé­trique. Les per­sonnes ou les orga­ni­sa­tions dont nous dénon­çons les agis­se­ments ont des moyens finan­ciers que nous n’avons pas. Elles ont des appuis et des réseaux que nous n’avons pas non plus.

Nou­velles formes de radi­ca­li­té

Nous sommes venus com­bler le vide lais­sé par des auto­ri­tés qui ont, depuis trop long­temps, lais­sé le champ libre à ces dis­cours mani­pu­la­teurs sur Inter­net et les réseaux sociaux. Nous sou­hai­tons que les efforts gigan­tesques déployés depuis des années par toutes les per­sonnes enga­gées dans la lutte contre la dés­in­for­ma­tion, mais aus­si par les col­lec­tifs aler­tant sur ces dérives et accom­pa­gnant les vic­times, ne soient pas oubliés.
Nos actions d’information, de sen­si­bi­li­sa­tion et d’éducation au quo­ti­dien sont plus que jamais la pre­mière ligne de défense face à ces nou­velles formes de radi­ca­li­té qui menacent notre cohé­sion sociale. Car cette lutte ne peut se mener uni­que­ment sur un plan juri­dique ; on sait com­bien il est long et dif­fi­cile de mettre hors d’état de nuire les mani­pu­la­teurs et les abu­seurs par cette voie-là.

Il est inad­mis­sible que des dés­in­for­ma­teurs pro­fes­sion­nels puissent si faci­le­ment réduire à néant les efforts de citoyens enga­gés. Aucun de nous ne devrait avoir à subir cette vio­lence et ces ten­ta­tives d’intimidation. Nos actions méritent d’être enten­dues, dif­fu­sées et prises en consi­dé­ra­tion par les pou­voirs publics et les res­pon­sables des réseaux sociaux. L’absence d’action de ceux qui en auraient pour­tant les moyens revient à faci­li­ter la tâche de ceux que nous dénon­çons, lais­sant qua­si­ment libre cours à l’exploitation de la quête de sens et de la détresse humaine ; acti­vi­té sou­vent très ren­table.

Une pro­tec­tion en cas de besoin

Nous deman­dons, pour amé­lio­rer la pré­ven­tion de ces dérives, la mise en œuvre dans les écoles pri­maires, col­lèges et lycées, d’actions pérennes et cohé­rentes pour sen­si­bi­li­ser dès le plus jeune âge à la dés­in­for­ma­tion et four­nir les outils d’esprit cri­tique pour l’identifier et s’en pré­ser­ver.

Nous deman­dons, pour sécu­ri­ser nos actions dans le temps, aux pla­te­formes de dif­fu­sion et aux réseaux sociaux de nous per­mettre un contact direct et humain avec eux ; en rela­tion avec des res­pon­sables en charge des ques­tions de dés­in­for­ma­tion et de cybe­rhar­cè­le­ment.

Enfin, en plus de nous four­nir une assis­tance juri­dique et une pro­tec­tion en cas de besoin, nous deman­dons à l’État, pour pérenniser et garan­tir nos actions, de créer une cel­lule natio­nale composée d’agents spécifiquement formés au cyberharcèlement, à l’emprise men­tale et aux dérives sec­taires, pour nous per­mettre, le cas échéant, de déposer plainte auprès de per­sonnes conscientes des enjeux.

De telles mesures nous semblent essen­tielles pour que notre action citoyenne de ter­rain ne soit pas conti­nuel­le­ment balayée par la vio­lence et les manœuvres des ins­ti­ga­teurs de graves dérives sur Inter­net.

 

Signa­taires actuels par ordre alpha­bé­tique :

  • ACult Vidéaste
  • Antho­ny Gui­hur Cher­cheur assis­tant en bio­lo­gie molé­cu­laire, Uni­ver­si­té de Lau­sanne (Unil)
  • Aude Favre Jour­na­liste, chaîne Aude WTFake
  • Asso­cia­tion Diab’Aide
  • Ber­nard Blandre Agré­gé d’histoire
  • Caro­line Samer Méde­cin et pro­fes­seure de phar­ma­co­lo­gie cli­nique, Hôpi­taux uni­ver­si­taires de Genève (HUG), Suisse
  • Col­lec­tif Cha­no­lo­gy France
  • Col­lec­tif l’Extracteur,
  • Col­lec­tif Fake­Med,
  • Col­lec­tif les Vaxxeuses,
  • Cyril Vidal Chi­rur­gien-den­tiste et vul­ga­ri­sa­teur, chaîne Dans les dents,
  • Eli­sa­beth Fey­tit Docu­men­ta­riste et créa­trice du pod­cast Méta de choc,
  • Fact and Furious Site d’information en ligne, Fake Inves­ti­ga­tion Fact-che­ckeur,
  • G Mil­gram vidéaste,
  • Gré­goire Per­ra Ensei­gnant et lan­ceur d’alerte,
  • Julien Her­nan­dez Jour­na­liste scien­ti­fique,
  • Kalou Créa­teur de conte­nus,
  • Skep­tics in the Pub Valais,
  • Karine Lacombe Infec­tio­logue, Sor­bonne-Uni­ver­si­té et chro­ni­queuse science,
  • Le Radis irra­dié You­tu­beur pré­ven­tion,
  • Linh-Lan Dao Jour­na­liste à France Télé­vi­sions,
  • Made­line Cap­tain Blo­gueuse,
  • Mathias War­gon Chef de ser­vice des urgences Smur, hôpi­tal de Saint-Denis,
  • Mathieu Edouard Rebeaud Ingé­nieur en bios­ciences, doc­to­rant en bio­chi­mie, (Unil),
  • Mat­thieu Mulot Ensei­gnant-cher­cheur, Uni­ver­si­té de Neu­châ­tel (Unine), créa­teur de conte­nus,
  • Mathieu Repi­quet Blo­gueur, Miz Pau­line la Mal Biai­sée Pro­fes­seure du secon­daire, vidéaste et blo­gueuse,
  • Oli­vier Ber­nard Phar­ma­cien et vul­ga­ri­sa­teur scien­ti­fique, blog le Phar­ma­chien,
  • Pas­cal Wag­ner-Egger Ensei­gnant-cher­cheur en psy­cho­lo­gie sociale à l’université de Fri­bourg (Uni­fr), Suisse,
  • Richard Mon­voi­sin (c’est moi ! Papa, regarde, je suis dans le jour­nal !)
  • Sté­pha­nie de Vans­say Mili­tante péda­go­gique et syn­di­cale,
  • Syl­vain Delou­vée Pro­fes­seur de psy­cho­lo­gie sociale, Uni­ver­si­té Rennes‑2,
  • Thi­bault Fio­let Blo­gueur et vidéaste de Quoi­dans­mo­nas­siette,
  • Tho­mas C. Durand Vul­ga­ri­sa­teur, direc­teur de l’Astec, chaîne la Tronche en Biais,
  • Tho­mas Huchon Jour­na­liste à LCI, réa­li­sa­teur, for­ma­teur,
  • Tris­tan Men­dès France Maître de confé­rences asso­cié, Uni­ver­si­té Paris
  • Wla­di­mir Lapos­tolle Vul­ga­ri­sa­teur, ensei­gnant et consul­tant web et IA.

 

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